Station de dessalement d'eau de mer de Chtouka : les agriculteurs mis à contribution

Pour la station destinée à être la plus grande au monde, les agriculteurs de la plaine de Chtouka contribueront au financement du site pour 10.000 DH/Ha

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Des techniques d'irrigation au Maroc
Larry / Flickr

L’opération de souscription au projet de construction de la station de dessalement de Chtouka a enregistré à la date du 25 décembre un total de 2.500 ha sur les 10.000 fixés comme objectif. C’est ce qu’a annoncé le directeur de l’Office régional de mise en valeur agricole de Souss-Massa (ORMVASM) Hrro Abro à la MAP vendredi 29 décembre. Cette opération s’inscrit dans le cadre de  l’implication des opérateurs agricoles locaux dans la construction de la station de dessalement des eaux de mer qui dotera la province de Chtouka d’une nouvelle source d’approvisionnement.

L’ORMVASM rappelle que le financement du projet par des agriculteurs est de 10.000 DH/Ha. Fait notable, 50% du montant de cette participation ne sera versée qu’une fois le projet finalisé, soit en 2020. Un budget global estimé à près de 3 milliards de DH est attendu pour mettre en service cette station située à près 300 mètres de l’océan.

La mise en service de la station sera, quant à elle, assurée par l’espagnol Abengoa. L’opérateur ibérique a pu s’adjuger le marché dans le cadre d’un partenariat public-privé incluant également l’Office national de l’eau et de électricité (ONEE) ainsi que le ministère de l’Agriculture.

Passant le premier objectif du recours à l’eau dessalée, à savoir l’alimentation en eau potable, l’agriculture a tout aussi intérêt à profiter du méga projet. C’est le cas de cette station d’Agadir que le ministère de l’Agriculture présente comme la future «plus grande station au monde».

Un PPP pour un prix imbattable

Initialement prévue à Cap Ghir dans le nord de la ville pour uniquement fournir l’eau potable à une population estimée à 2,3 millions d’habitants à l’horizon 2030, le site a été déplacée plus au sud, toute proche de la plaine agricole de Chtouka.

Le choix n’était pas anodin. L’emplacement concentre près de 90% des exportations agricoles marocaines. Chtouka est également victime d’un sur-pompage qui menace gravement la nappe phréatique de la vallée du Souss.

«Le projet a pris forme suite à la demande des agriculteurs entre 2006 et 2007. Après étude, il a été convenu de mutualiser cette station entre eau potable et irrigation», nous précise Mohamed Ouhssaine, directeur de l’irrigation et de l’aménagement de l’espace agricole au sein du ministère de l’Agriculture.  Notre source souligne que son département a pesé dans les négociations d’investissement de ce grand chantier devant produire à terme 200.000 m3/j.

Pour une enveloppe de 2,6 milliards de DH contractée auprès du groupe espagnol Abengoa, le prix du m3 a été fixé à 5,4 dirhams. Le plus bas au monde d’après le ministère. «Pour passer d’un coût de revient de 16 DH à un prix de vente 5,4 DH/m3, l’Etat contribuera à hauteur de 1,86 milliard de DH», indique Mohamed Ouhsaine, poursuivant que c’est désormais «aux opérateurs agricoles de s’adapter en focalisant sur des productions pas trop gourmandes en eau».

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