BYD, le "Tesla chinois" qui a séduit Warren Buffet et DiCaprio avant le Maroc

Orphelin dans les campagnes chinoises, Wang Chuan-Fu est devenu l’une des plus grosses fortunes de l'Empire du Milieu, à la tête du groupe BYD, spécialiste du transport électrique et des énergies vertes, concurrent de la Tesla d’Elon Musk.

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Mohammed VI et Wang Chuan-Fu, PDG de BYD, le 9 décembre à Casablanca. Crédit : BYD / FB

Inconnu du grand public marocain il y a encore quelques jours, c’est avec ce spécialiste chinois du transport électrique, BYD (Build your dreams), que le Maroc veut bâtir son rêve de « Silicon Valley d’Afrique du Nord« . En présence de Mohammed VI, le PDG de BYD, Wang Chuan-Fu a en effet signé le 9 décembre au Palais royal de Casablanca, un protocole d’accord avec le ministre de l’Industrie Moulay Hafid Elalamy et de l’Économie Mohamed Boussaid, pour la création d’un « écosystème de transport électrique » dans la future cité industrielle Mohammed VI de Tanger.

Les dépêches de l’agence officielle marocaine MAP rapportent que le projet « prévoit à terme l’installation d’une usine de batteries, d’une usine de véhicules de tourisme électriques, d’une usine d’autobus et de camions électriques et d’une usine de wagons de trains monorail électrique« , sur un site de 50 hectares et créant 2500 emplois, sans que le montant de l’investissement prévu ni la date de l’ouverture de la première usine ne soient pour l’instant connus.

Sur sa page Facebook, la compagnie chinoise relève quant à elle que cet accord « marque le début de la coopération entre la compagnie chinoise de nouvelles énergies et le Royaume du Maroc pour lancer la fourniture d’une gamme de solutions d’énergie renouvelable au pays grâce au système innovant de monorail enjambeur de la compagnie, le SkyRail ; et pour explorer la possibilité d’une production localisée. » Qui est BYD ?

En septembre 2008, la holding de l’investisseur américain Warren Buffet a misé 230 millions dollars pour prendre 10% du capital de BYD. Aujourd’hui, la participation de Warren Buffet est évaluée à près de 2 milliards de dollars à la bourse de Hong Kong. Fondé en 1995, le groupe chinois qui produisait jusqu’alors des batteries électriques rechargeables, notamment pour les téléphones Motorola et Nokia, venait de se lancer en 2006 dans la production de véhicules. Depuis, BYD est devenu le principal constructeur chinois de véhicules électriques. En 2016, BYD a vendu 114 315 véhicules électriques, soit 10% de parts du marché mondial, et réalisé un chiffre d’affaires de 15 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2016 (142 milliards de dirhams). L’annonce par le gouvernement chinois en septembre dernier de son intention d’interdire à terme la vente de véhicules à carburants fossiles pourrait davantage booster ses performances.

Son PDG, Wang Chuan-Fu, fait partie du top 1000 des plus grosses fortunes du monde, selon Forbes et Bloomberg le surnomme le « Elon Musk de Chine« , lui qui avait vu juste avant même le célèbre inventeur de la Tesla. Décrit comme « visionnaire de l’énergie verte » et des transports urbains écolos avec son train monorail électrique, BYD a aussi tapé dans l’oeil de l’acteur Leonardo DiCaprio, nommé Messager de la Paix sur la question des changements climatiques par l’ONU, égérie de plusieurs publicités et films institutionnels du groupe.

Cette année, BYD a drastiquement consolidé sa présence dans le monde. En avril, elle a inauguré en Hongrie sa première usine de bus électrique en Europe pour un investissement de 20 millions d’euros. L’annonce d’une usine similaire deux fois moins grande pour 10 millions d’euros dans le nord de la France a également été annoncée cette année, pour un début de production mi-2018. BYD dispose déjà d’une usine d’assemblage en Californie et a annoncé en octobre son intention d’en ouvrir une nouvelle au Canada. Ses véhicules sont aussi construits au Brésil, en Inde et au Japon.

Alors que le Maroc vient de signer avec la Chine un accord pour faire partie de sa stratégie expansionniste baptisée « Route de la soie« , ce nouvel accord vient confirmer que le royaume s’intègre dans ce circuit mondial. Quelques jours plus tôt, c’est d’ailleurs aux Philippines que BYD signait un accord similaire à celui conclu avec le Maroc. Néanmoins, une enquête du Desk.ma publiée en juillet posait de nombreuses questions quant à l’aboutissement de la Cité industrielle Mohammed VI de Tanger, où doit s’implanter BYD. En outre, malgré sa croissance et ses perspectives, BYD n’est pas encore parvenu à pénétrer le marché européen sur le secteur des véhicules électriques de tourisme, contrairement à ce que promettait son PDG au Financial Times en 2012.

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