Le tour d'Afrique à vélo de Yassine Ghallam

En Angola, Yassine posant aux côtés d’une compatriote expatriée et de "Mama Africa", le vélo que la communauté marocaine de Yaoundé s’est cotisée pour lui offrir (page Facebook de Yassine Ghallam)

Le 22 janvier 2017, Yassine Ghallam s’est lancé dans un tour du monde à pied et à vélo. En direct depuis les montagnes angolaises, le jeune Marocain raconte à TelQuel.ma ses dix premiers mois de voyage.

« Je suis à Lubango. Au niveau du relief et du climat, ça ressemble un peu à Chefchaouen. C’est magnifique! », s’extasie Yassine Ghallam, dix mois jour pour jour après son départ de Casablanca. Dans la quatrième ville d’Angola, il profite du bon air d’altitude (1.700m) pour récupérer d’une éprouvante ascension.

Depuis janvier, l’aventurier a parcouru plus de 11.000 kilomètres à travers treize États: Maroc, Mauritanie, Sénégal, Guinée, Côte d’Ivoire, Ghana, Bénin, Togo, Nigeria, Cameroun, Gabon, Congo, Angola. Parvenu jusqu’à Dakar en autostop, il a choisi d’investir dans un vélo, un moyen de locomotion « plus autonome, plus écologique et plus économique ».

Chaque matin, il commence à pédaler entre 6H et 7H. Il s’accorde ensuite quelques pauses pour souffler et déjeuner, avant de stopper son effort à la nuit tombante, entre 17H et 18H. Il se met alors en quête d’un gîte et d’un couvert. Il arrive presque toujours à ses fins, grâce à une adaptabilité à toute épreuve. « Je bois de l’eau de rivière et je mange comme les locaux: du singe, du pangolin, du crocodile, du serpent…bref, tout ce qui bouge! », s’amuse ce bon vivant.

Diplômé de l’OFPPT en tant que technicien spécialisé en électromécanique, le Bidaoui a travaillé pendant neuf années comme réparateur d’engins sur des chantiers. Du jour au lendemain, il a décidé de tout quitter pour partir à la (re)découverte de son Maroc. Ce sportif accompli, qui jure avoir gravi le Jbel Toubkal trente-deux fois, sillonne les chemins marocains, de 2013 à 2015, marchant au total plus de 5.000 kilomètres.

Après avoir envisagé de s’envoler vers l’Amérique latine, il s’oriente finalement vers le reste du continent africain – encouragé par les visites de Mohammed VI, et le retour du Royaume dans l’Union africaine (UA), le 30 janvier 2017. « Ma vision a complètement changé. Ici, quand tu dis que tu viens du Maroc, les gens sont gentils et les policiers te laissent passer! », se réjouit celui qui ne manque pas une occasion de promouvoir la culture, la cuisine et les couleurs nationales.

En dix mois, l’intrépide voyageur aura tout de même connu quelques mésaventures: un accident de la circulation au Nigeria, une crise de paludisme au Bénin… et un mariage forcé en Guinée, pour avoir le droit de passer la nuit dans un village reculé! Mais ce qui l’a le plus peiné, c’est de constater que « l’Union africaine n’existe que sur le papier ». « Quand je parle aux enfants, ils me disent que ce n’est pas pour eux. Ce n’est pas une question d’argent, mais de mentalité », témoigne ce « monsieur zéro dirham ».

Après Lubango, Yassine prendra la direction de la Namibie, puis de l’Afrique du Sud, en espérant rallier Cape Town pour son trente-deuxième anniversaire, le 18 décembre. Il remontera alors la côte est jusqu’au mont Kilimandjaro, but ultime de son escapade africaine.

Ses parents, qui l’appellent toutes les deux ou trois semaines pour lui demander de rentrer, devront patienter encore un peu avant de pouvoir le serrer dans leurs bras : le globe-trotter a prévu de décoller du Kenya vers l’Argentine pour, « Insh’Allah« , trois nouvelles années de pérégrinations!

"À chaque village, je laisse un morceau de mon corps", confie le jeune Marocain - ici photographié dans la localité qui l’a le plus marqué, dans le sud du Togo (crédit: page Facebook de Yassine Ghallam)
« À chaque village, je laisse un morceau de mon corps », confie le Casaoui – ici photographié dans la localité qui l’a le plus marqué, Dafo, dans le sud du Togo. © Page Facebook de Yassine Ghallam

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