Mohamed Sebbar, SG du CNDH: "nous sommes contre toute discrimination en raison de l'orientation sexuelle"

Mohamed Sebbar, secrétaire général du Conseil national des droits de l'Homme, décortique sur Telquel Arabi des sujets polémiques comme l'égalité dans l'héritage, la sexualité hors mariage, ou encore le drame des femmes-mules.

Par

AFP

Le CNDH est-il pour ou contre les rapports sexuels hors mariage ?

Mohamed Sebbar: Il est difficile de se positionner pour ou contre. Les changements dans le domaine des droits de l’Homme se font graduellement et ne peuvent être radicaux. Lorsque le CNDH a publié son étude en faveur de l’égalité dans l’héritage, nous nous sommes basés sur une étude de terrain dans les domaines de la législation, de l’emploi, de l’éducation et de la formation. Nous en avons déduit que la réalité sociale a changé au sujet des femmes dans la société marocaine. Plus d’un million d’entre elles subviennent aux besoins de leurs familles. Nous avons donc fait part d’une recommandation pour modifier les règles de l’héritage, en insistant sur l’égalité homme femme à ce sujet.

Cela signifie-t-il que le CNDH n’a rien contre les rapports sexuels en dehors du mariage ?

Tout à fait.

60 à 65 homosexuels marocains se seraient rendus à Melilia, avançant des pressions subies au Maroc. Quel est l’avis du CNDH au sujet des homosexuels marocains?

Premièrement, nous sommes parfaitement au courant des subterfuges pour demander l’asile, ces chiffres sont donc exagérés. Il demeure que des Marocains ont été agressés pour leurs orientations sexuelles par ceux qui s’érigent en « juges de la rue » et non pas par les forces de l’ordre.

Deuxièmement, nous sommes contre toute discrimination en raison de l’orientation sexuelle. Cependant, dire qu’un aussi grand nombre d’homosexuels marocains demande l’asile en Espagne n’est pas du tout vrai. Nous avons des informations là-dessus comprenant également les demandeurs d’asile politique, qui n’ont jamais participé aux mouvements politiques au Maroc. C’est une pratique courante dans de nombreux  pays.

Quel regard portez-vous sur les violences subies par ces homosexuels marocains dans l’espace public ?

Des influences socioculturelles handicapent la reconnaissance des droits et libertés. Par exemple manger en public pendant le mois de ramadan, risque d’attirer des représailles de la part des citoyens. Alors qu’il est possible de manger devant un policier sans être violenté. L’idée est que cette question a besoin de sensibilisation et cela ne se fait pas en un jour.

L’éducation aux droits de l’Homme, la démocratie et le droit à la différence sont des sujets extrêmement importants. Beaucoup de travail nous attend pour sensibiliser les Marocains aux principes des droits de l’Homme.

Que pensez-vous de la situation des « femmes-mulets » de Sebta et Melilia?

Le manque d’opportunités d’emploi fait que l’économie illégale prend de l’ampleur. Dans ce cas, c’est la responsabilité de l’État qui est engagée. Ce trafic a un coût important aussi bien pour le Maroc que pour l’Espagne.

Vous pointez donc le gouvernement  ?

Évidemment, parce que s’il y avait des offres d’emplois, ces femmes ne se seraient pas orientées vers la contrebande.

 Que pense le CNDH des détenus marocains condamnés à la peine de mort en Irak, que faites-vous pour leur garantir une détention dans le respect des droits de l’Homme?

Nous n’avons aucune prérogative nous permettant de remettre en question le jugement d’un pays étranger. Tout comme nous n’avons pas le droit de remettre en question les jugements des tribunaux marocains.

Dans ce cadre, le ministère des Affaires étrangères est l’administration concernée, à travers ses consulats et ambassades, qui prend en considération leurs situations et problèmes. Évidemment des accords politiques et juridiques se font pour réduire la durée de leurs peines d’emprisonnements ou des extraditions.

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