Quand la viande nous en fait voir de toutes les couleurs

Le président de la confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc explique le phénomène de la viande verte durant l'Aïd par l'administration de produits chimiques aux animaux. Mais l'ONSSA maintient sa version et évoque des problèmes de conservation en période de fortes chaleurs.

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Des agriculteurs auraient-ils injecté volontairement des produits dangereux aux animaux? Suite aux clichés postés en début de semaine sur les réseaux sociaux montrant une viande couleur verdâtre, de nombreuses rumeurs ont enflammé la toile. Empoisonnement, viande avariée, moutons malades… les internautes n’ont pas mâché leurs mots… ni leurs steaks. Malgré l’appel au calme de l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), la polémique n’en finit pas.

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Dans un premier temps, l’Office a expliqué que « la teinte verdâtre de la carcasse ou sa putréfaction sont liées au non-respect des règles d’hygiène liées à l’abattage et à l’écorchage du mouton et aux conditions de conservation de la carcasse« .

 

Risque de « paralysie pouvant conduire à la mort »

L’explication de l’ ONSSA n’a pas convaincu Mohamed Lahbabi, président de la confédération des syndicats de pharmaciens du Maroc, qui évoque des injections de produits chimiques destinés à faire grossir les animaux:

Le Megamax est un concentré de protéines, de lactosérum et de protéines de lait. En l’associant avec des hormones concentrées dans le Minidril, le bétail devient plus actif. Il enfle, prend du volume, mais ne gagne pas en poids. Dès qu’on l’égorge, des infections se manifestent et la viande change de couleur. 

Si elle est consommée, cette viande peut provoquer « des maladies parasitaires, qui, si elles ne sont pas traitées à temps, peuvent conduire à la mort« , insiste le président de la confédération des syndicats de pharmaciens du Maroc. Une version démentie par l’ONSSA qui a récemment publié les résultats des tests effectués sur les viandes avariées.

Selon l’Office, ce changement de couleur serait dû à une infection de certaines bêtes par des « bactéries de type clostredies« . Présentes dans l’appareil digestif de l’animal lorsqu’il est vivant, ces bactéries passent dans la viande lors de l’abattage. Un phénomène « naturel » nommé « bactériémie d’abattage » selon l’Office.

Avec l’absence d’aération, et les fortes chaleurs, les bactéries se propagent rapidement générant ainsi cette couleur verdâtre. Des cas avaient déjà  été observés en 2016 à Fès, à Safi et à Tanger en proportion infime. L’ONSSA évoque par ailleurs « les engraissements intensifs des derniers jours avant l’Aïd« .

L’ONSSA reste vigilante

Conformément à sa version de base, l’Office explique ce phénomène par la hausse des températures, et les problèmes de conservation. Il précise également avoir reçu 770 plaintes concernant le phénomène de la viande verte, soit seulement 0,01% des bêtes abattues cette année.

L’ONSSA indique également avoir réalisé 6690 visites de terrain dont 2649 dans les sites d’élevages, 3.457 dans les souks et les points de vente, et 2.563 opérations de sensibilisation. « 10.000 kilos de viande impropre à la consommation » ont ainsi été détruits, rappelle l’Office qui indique vouloir « renforcer la surveillance de l’alimentation du bétail » pour l’année prochaine. 

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