Imbroglio diplomatique entre la Banque mondiale et le gouvernement marocain

Le siège de la Banque mondiale à Washington. Crédit: DR

Plusieurs membres de l’exécutif se sont récemment élevés contre mémorandum 2017 de la Banque mondiale « Le Maroc à l’horizon 2040 ». Des polémiques qui concernent notamment le volet politique.

Voilà une « mini polémique » qui n’est pas passé inaperçue. Face au diagnostic de la Banque mondiale développé dans son mémorandum 2017, le chef du gouvernement Saad-Eddine El Othmani n’a pas souhaité se rendre à la présentation du rapport le 15 mai à Rabat.

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Présent à l’événement, son ministre des Affaires Générales Lahcen Daoudi s’est justifié en fustigeant le mémorandum. « Le rapport a été élaboré selon la vision de la Banque mondiale et il ne peut avoir l’adhésion du Maroc, surtout sur le volet politique » déplore-t-il avant de conclure : « Nous souhaitons que la Banque mondiale prenne de la distance par rapport à certains discours ». Des propos rapportés par l’Economiste , que certaines sources proches de l’exécutif qualifient de « déformés ».

Un rapport très « politique »

« La Banque Mondiale agit comme un pompier pyromane. On lui reproche de s’immiscer dans la politique du gouvernement alors qu’elle est elle même impliquée dans la plupart des choix politiques. », signale l’économiste Mehdi Lahlou. Pour lui, ce sont avant-tout « les critiques concernant les modalités de gouvernance » qui posent problème pour l’exécutif. Car si le rapport se félicite de certains aspects comme la réforme constitutionnelle de 2011, son application est nettement plus discutable pour la Banque mondiale.

Même son de cloche pour l’économiste Larbi Jaidi, qui insiste sur la « dimension institutionnelle » du rapport :

« La Banque mondiale n’est pas dans une approche économique classique dans la mesure où elle se prononce ici sur les mécanismes institutionnels. On est loin des discours très soft sur la gouvernance».

 

Des discussions à venir

Du côté du gouvernement, on préfère relativiser la polémique : « Certes, ce rapport n’est pas totalement à charge, mais certains points sont discutables notamment sur le volet des stratégies sectorielles. On a le droit d’exprimer notre désaccord vis à vis des pronostics de la Banque mondiale. Ce ne sont pas des paroles d’évangile ! » tance une source gouvernemental.

Face aux critiques soulevées par le gouvernement, une première séance de discussion a eu lieu avec certains acteurs de l’institution internationale. Bien qu’on évoque « des débats constructifs », l’exécutif tient à préciser que « des remarques n’ont toujours pas été prises en compte. Nous allons donc continuer les discussions», poursuit cette même source.

Loin des évaluations polémiques, le mémorandum insiste pourtant sur les choix positifs du Maroc au cours de ces dernières décennies : libéralisation de l’économie, réforme sociales, investissement… le rapport ne tarit pas d’éloge sur l’évolution du pays. Concernant les critiques, l’un des points majeur se concentre sur l’éducation. Un constat partagé par l’exécutif qui prépare justement une grande réforme de l’éducation nationale. Des points d’accord sont donc encore possibles entre le gouvernement et l’institution bancaire. 

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