Abdelaziz Bouderbala et les 80 ans du Wydad

Le Wydad de Casablanca, qui se rapproche d'un 19e sacre en Botola, a célébré cette semaine ses 80 ans. Abdelaziz Bouderbala, l'un des illustres joueurs à avoir revêti le maillot rouge et blanc, nous parle de son club de coeur.

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En cas de défaite du Difaa El Jadida à Kénitra ce dimanche, le Wydad de Casablanca, club le plus titré de Botola, inscrira son nom au palmarès du championnat pour la 19e fois. Un sacre qui arriverait comme la cerise sur le gâteau d’une semaine au cours de laquelle le club rouge et blanc a célébré son 80e anniversaire.

Fondé le 8 mai 1937, durant le protectorat, « le WAC incarnait la résistance marocaine face aux colons français« , nous explique Rachid El Alaoui, ancien porte-parole du Wydad (2011). Quelques années plus tard, c’est grâce à ses succès sur les pelouses du Maroc et de l’étranger que le club casablancais enracinera sa popularité. Des succès auxquels Abdelaziz Bouderbala, l’enfant du club a pris une part active dans les années 1980. Avec Telquel.ma, il revient sur sa relation très spéciale avec le maillot rouge et blanc.

Aziz Bouderbala
Aziz Bouderbala

Que vous a apporté ce club? Que vous évoquent ces trois lettres?

Abdelaziz Bouderbala: J’ai grandi dans la vieille ville, et dès mon plus jeune âge, les conversations tournaient principalement autour de Mohammed V qui venait de décéder, la piscine municipale, la grande foire internationale de Casablanca… et le Wydad. Ce club m’a apporté une double joie: en tant que supporter, mais aussi en tant que joueur. Quand on connaît l’histoire de ce club, son passé de résistant pendant le protectorat, sa force de conquérant quand il remporte des titres, on ressent ce sentiment indescriptible qui va au-delà de la joie.

Entre votre passage au WAC et maintenant, qu’est-ce qui a changé?

Pas grand-chose. Je ne parle pas des moyens ou des infrastructures. L’âme du club est toujours la même. Ce qui a changé ce sont peut-être les salaires. À notre époque, au WAC, on ne gagnait pas beaucoup d’argent, mais on jouait pour l’amour du sport, pour l’amour du club. On avait des primes de matchs à 100-150 dirhams dans les années 1970/80. Elles atteignaient les 500 dirhams en 1984.

Vous avez été l’un des premiers Marocains à évoluer à l’étranger. Comment c’était à l’époque ?

À l’époque et contrairement à aujourd’hui, les joueurs n’avaient pas de contrat. Quand on jouait au WAC, on ne pouvait pas rêver mieux. Donc, la question de rejoindre un autre club ne se posait pas. L’Atletico Madrid m’avait proposé une offre quand j’avais 21 ans. À cette période, une loi régissait le statut des footballeurs et les empêchait de quitter le Maroc avant d’avoir 28 ans. J’ai été le premier à briser cette loi, mais pas pour rejoindre l’Atletico Madrid. En 1981, j’ai rejoint l’Inter Milan pour 3 semaines avec le Mundialito.

Certains présidents ont été pas mal chahutés ces dernières années. On se rappelle notamment des appels à la démission lancés fréquemment contre Abdelillah Akram. Comment étaient les rapports avec les dirigeants en votre temps? 

À mon époque, que ce soit avec les présidents ou les autres, nous entretenions tous des relations amicales et ça facilitait les choses. Le WAC était vraiment une famille. Le lien entre dirigeant et joueur était fort. On avait une certaine proximité. Certains dirigeants étaient présents lors de la fondation du club et ça solidifiait les liens. On les considérait comme nos parents ou nos oncles. Ils étaient proches de nous. Il n’existait pas d’histoire d’argent. Aujourd’hui, il y a toujours cette dimension familiale, mais elle reste beaucoup moins forte qu’à mon époque.

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