Le Lord-maire de Londres prospecte les opportunités post-Brexit au Maroc

Le Lord-maire de la City de Londres arrive le 12 avril au Maroc. Alors que le processus Brexit est enclenché, le Maroc semble avoir plusieurs cartes à jouer pour booster ses échanges avec le Royaume-Uni.

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Le lord maire au centre Crédit: AFP

Après un passage en Tunisie et en Algérie, Andrew Parmley, Lord-maire de la City de Londres (compté à l’intérieur de la capitale britannique), poursuit sa tournée en Afrique du Nord au Maroc où il est attendu le 12 avril. Andrew Parmley, qui oeuvre à la promotion du commerce britannique à l’étranger, sonnera la cloche de la séance boursière de la Bourse de Casablanca ce jour-là. « Un geste hautement symbolique », commente une source au sein de l’institution boursière.

Seulement quelques semaines après la demande formelle de divorce entre le Royaume-Uni et l’Union européenne (UE), le Lord-maire de la City de Londres va rencontrer le directeur général de la bourse de Casablanca, le vice-président de la CGEM, ainsi que le directeur général de Bank Al-Maghrib, des membres de l’OCP et d’autres sociétés marocaines. La délégation sera aussi composée de représentants du monde de la finance, des industries de l’hydrocarbure et des télécoms. Le but : renforcer les échanges entre les deux pays.

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Le Royaume-Uni se place dans les dix premiers partenaires économiques du Maroc. Au total, le royaume chérifien a importé en valeurs 5.850 millions de dirhams entre janvier et septembre 2016 du Royaume-Uni, et en a exporté 5.138 millions. Ces flux seraient appelés à augmenter. « Nous envisageons de dépasser la barre du milliard de dirhams de volume d’échanges entre les deux pays d’ici 2020, grâce à une diversification des secteurs« , affirme Jamal Eddine El Ansari, chargé de la communication de la Chambre de commerce britannique au Maroc.

Echanger davantage

Le Brexit signifie que les accords de libre-échange entre le Maroc et l’UE ne concerneront plus les échanges commerciaux avec le Royaume-Uni. « Il va falloir négocier de nouveaux accords bilatéraux« , explique Hakim Marrakchi, responsable des relations internationales de la CGEM. « Le Brexit nous offrira peut-être l’opportunité de lever les barrières en termes de sécurité et d’hygiène, notamment dans le secteur du textile et de l’agroalimentaire« , espère Jamal Eddine El Ansari, qui incite les entreprises marocaines à exporter et échanger davantage dans ces domaines. La Grande-Bretagne pourrait devenir un nouveau marché indépendant de toutes les restrictions et lobbys européens.

D’un autre côté, la Chambre de commerce britannique invite les entreprises britanniques à venir s’installer au Maroc. Le Lord-maire Andrew Parmley rencontrera d’ailleurs les représentants de l’OCP dans ce sens. Le géant des phosphates « attise l’intérêt des Britanniques, qui le considèrent comme une ‘high value opportunity’ (HVO, une entreprise à fortes opportunités), une classification qui ne concerne que 200 sociétés dans le monde« , précise Jamal Eddine El Ansari. Le but de cette rencontre est de permettre aux entreprises britanniques de devenir des fournisseurs de l’OCP au Maroc et « de l’accompagner dans son plan de développement, sur ses projets de pipe-line par exemple« , précise la même source.

« Les Marocains doivent diversifier leurs bases de données. Les fournisseurs britanniques vont venir dans le royaume avec de nouvelles solutions et de nouvelles machines« , explique Jamal Eddine El Ansari évoquant notamment les secteurs des énergies renouvelables et de la finance entre autres.

Se positionner au niveau régional

Pour Hakim Marrakchi, la venue du Lord-maire de Londres est liée à la sortie du Royaume-Uni de l’UE, alors que ce pays a besoin de s’ouvrir à des pays tiers pour éviter un ralentissement économique. « C’est la troisième visite de responsables britanniques depuis le Brexit« , relève-t-il.

« Londres va accentuer ses relations avec les pays en dehors de l’Union européenne. Nous devons nous positionner« , explique Jamal Eddine El Ansari qui précise que la Chambre de commerce britannique du Maroc communique sur sa capacité à devenir un hub régional pour desservir l’Afrique.

Le Maroc a tout intérêt à faire du lobbying dès maintenant, alors que les négociations devant déboucher sur la sortie du Royaume-Uni prendront au moins deux ans. Le Royaume doit placer ses billets, alors que les Britanniques seraient enclins à se tourner vers les pays du Golfe, au détriment de ceux du Maghreb.

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« Nous sommes en meilleure position pour négocier avec le Royaume-Uni que nous ne l’avons jamais été« , estime Hakim Marrakchi. Le Maroc, « allié économique et géostratégique« , doit compter sur ses relations privilégiées avec le Royaume-Uni face à la Tunisie et l’Algérie où s’est aussi rendu le Lord-maire Andrew Parmley. « Les Britanniques tiennent aux relations avec le Maroc, qui est un point d’équilibre avec Gibraltar face à l’Espagne« , analyse Hakim Marrakchi de la CGEM qui précise que Gibraltar est une zone économique essentielle britannique, où sont faites 80% des assurances souscrites à Londres. Le Maroc est aussi le seul pays du Maghreb à avoir accès à la côte Atlantique.

La finance, une priorité

La bourse de Londres, principale place financière mondiale, pourrait aussi apporter son expertise afin d’aider au développement de la bourse de Casablanca. « Les produits et services en finance participative sont très développés à Londres« , souligne encore Jamal Eddine El Ansari. « Les sociétés britanniques pourront alors accompagner les banques marocaines. Ainsi, nous gagnons en expertise et eux gagnent de nouveaux marchés« , explique le responsable de communication de la Chambre de commerce britannique. Il cite notamment les entreprises britanniques qui produisent des logiciels pour les banques.

Par ailleurs, les sociétés bancaires britanniques ont aussi un rôle à jouer dans le financement de projets au Maroc. C’est le cas de HSBC qui a ouvert un bureau de représentation pour accompagner plusieurs projets d’investissement.

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