La réforme du régime de change en 3 questions

La flexibilité des changes est un sujet qui inquiète les opérateurs. Le ministère de l'Économie a entamé des ateliers de formation pour expliquer en quoi consistera cette réforme tant redoutée.

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Le Maroc a décidé de passer d’un régime de change fixe où ce sont les autorités qui déterminent la parité et qui fixent le cours de change, à un régime flexible où la valeur de la monnaie (cours de change) est le résultat de l’offre et de la demande. Une réforme structurelle, nécessaire et obligatoire, à en croire les autorités en charge de ce dossier à leur tête le ministre de l’Économie et des Finances, Mohamed Boussaïd. Jusque-là, les informations relatives à cette réforme filtraient au compte-goutte sur fond d’appréhension de la part des opérateurs économiques. Les autorités de tutelle ont décidé de communiquer pour expliquer, sensibiliser et surtout rassurer.

Pourquoi une réforme du régime de change ?

La réflexion sur la flexibilité du régime de change a débuté en 2007 pour permettre au Maroc d’être en ligne avec la libéralisation de son économie. Cette réforme du régime de change est également encouragée par la fragilité du régime de change fixe face à l’éventualité d’un choc extérieur important. « Si un tel scénario venait à se produire, il faudrait dévaluer la monnaie d’un seul coup et supporter les conséquences que cela pourrait avoir sur l’économie et la société », nous explique-t-on auprès de Bank Al Maghrib.

La nécessité de cette réforme et son timing s’expliquent en réalité par deux raisons. La première est la prédisposition de l’économie marocaine à opérer ce changement de cap puisqu’elle réunit tous les prérequis (réserves de change, déficit maîtrisé, monnaie en ligne avec sa valeur réelle…). La seconde raison est l’incertitude dans laquelle évolue l’économie mondiale qui  comporte de forts risques extérieurs.

En quoi consiste cette réforme?

Le Maroc adopte actuellement un régime administré où c’est Bank Al Maghrib qui fixe le taux de change sur la base d’une parité fixe avec rattachement à un panier de devises (60% de l’euro, 40% du dollar). La monnaie marocaine dispose d’une petite marge de fluctuation de 0,3% à la hausse comme à la baisse. Le dirham évolue donc actuellement dans un corridor de 0,6% au niveau duquel la banque centrale intervient pour acheter ou céder la devise.

Reforme change(5)
Représentation du corridor dans lequel évoluera la monnaie marocaine dans le cadre de la flexibilité limitée, première phase de la réforme.

Le passage à un régime de change flexible signifie que la banque centrale ne décidera plus du taux de change, qui sera fixé par la loi de l’offre et de la demande annulant ainsi la marge de sécurité qui existait jusque-là. Mais avant d’atteindre ce stade final de flottement total du dirham, le système de change passera par une phase transitoire. Celle-ci consiste à élargir le corridor d’évolution du dirham à un niveau qui n’a pas encore été communiqué.

Parallèlement, la banque centrale travaille sur la mise en place du ciblage de l’inflation qui consiste à faire correspondre le taux d’inflation à un taux cible ou à une fourchette de taux cibles déterminés à l’avance par la banque centrale. « Tout est prêt à ce niveau, on communiquera au moment opportun les éléments à ce sujet« , affirme le management de Bank Al Maghrib.

Cette première phase, de flexibilité limitée du taux de change, sera initiée au second semestre de 2017, probablement en juillet prochain selon les échos du marché .

processus de la réforme
La réforme du régime de change passe généralement par quatre importantes étapes exposées ci-dessus. Le régime de change marocain devra passer par les mêmes étapes.

La banque centrale garde la main les premiers mois

Alors qu’actuellement Bank Al Maghrib satisfait l’ensemble des besoins en devises des opérateurs, sans limites et sans ajustements sur les prix, les opérateurs devront réapprendre à gérer leurs besoins en devises et surtout à se fournir les uns chez les autres. « Nous voulons encourager un marché interbancaire. Ceci dit, au cours des premiers mois, nous servirons les devises une fois par jour. Nous opérerons selon un système d’adjudication avec un montant prédéterminé en fonction des besoins estimés pas nos équipes », nous apprend-on auprès de la banque centrale. L’adjudication passera à un rythme hebdomadaire quand le marché sera prêt. En dehors de ces adjudications, la banque centrale est prête à servir les opérateurs, mais avec un prix plus élevé.

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