La Tunisie donne la parole aux victimes de la dictature

Une dizaine de témoignages seront retransmis en direct sur plusieurs radios et télévisions tunisiennes jeudi 18 novembre et vendredi 19 novembre.

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Homicides, viols, torture, près de six ans après sa révolution, la Tunisie va publiquement donner la parole aux victimes de la dictature, une étape « historique » de la transition démocratique. C’est avec une dizaine de témoignages, retransmis en direct sur plusieurs radios et télévisions jeudi 18 novembre et vendredi 19 novembre que les Tunisiens vont pour la première fois être confrontés à l’étendue des violations commises ces dernières décennies, principalement sous les régimes du père de l’indépendance Habib Bourguiba (1957-1987) et du président déchu Zine El Abidine Ben Ali (1987-2011).

« Un moment historique que nos enfants et nos petits-enfants étudieront dans les livres » d’histoire, s’est félicitée Sihem Bensedrine, la présidente de l’Instance vérité et dignité (IVD), qui organise ces auditions. Ces séances seront l’occasion pour l’opinion publique « de savoir ce qui s’est passé (…) et de comprendre pourquoi il ne faut pas que ces violations se reproduisent, afin de protéger notre pays, de l’unifier, de nous réconcilier », a Bensedrine.

Créée en 2013, l’IVD a pour mission, en cinq ans maximum, d’identifier les responsables des violations des droits de l’Homme commises entre le 1er juillet 1955 et le 31 décembre 2013. Elle doit faire en sorte qu’ils rendent des comptes, mais aussi réhabiliter les victimes et leur octroyer réparation. L’instance dispose de très larges pouvoirs et a en principe un accès total aux archives publiques. Les crimes dont elle peut être saisie vont de l’homicide volontaire à la torture, en passant par le viol, les exécutions extrajudiciaires, la privation de moyens de subsistance et la violation de la liberté d’expression.

Près de 11 000 victimes ont en tout déjà été auditionnées à huis clos par l’IVD, qui a étudié les expériences d’autres pays en matière de justice transitionnelle comme l’Afrique du Sud et le Maroc, avec l’instance d’équité et de réconciliation (IER).

(Avec AFP)

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