Les tractations difficiles de Benkirane pour la formation de la majorité

Alors que le processus était bien engagé, la formation de la nouvelle majorité s’avère de plus en plus compliquée pour Abdelilah Benkirane.

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Crédit : Tniouni

Officiellement chargé, le 10 octobre, de former un nouveau gouvernement par le roi Mohammed VI, cela fait bientôt un mois que le secrétaire général du PJD négocie avec les partis pour la formation de sa coalition.

Pourtant, hormis le PAM et la FGD, qui ont explicitement annoncé rejoindre l’opposition, tous les autres partis représentés au Parlement ne sont pas, en principe, opposés à l’idée d’entrer au gouvernement. Abdelilah Benkirane a annoncé le 2 novembre à l’agence de presse allemande n’avoir « besoin que d’un seul parti disposant au moins de 20 sièges pour former la majorité ». Et d’adresser un message aux partis pour se prononcer : « Nous sommes actuellement en tractation avec trois ou quatre partis. Dès que l’un d’entre eux tranche, nous commencerons le travail ».

Mais les choses ne sont pas aussi simples comme le laisse entendre le chef de file du PJD. Sa préférence affichée pour les partis de la Koutla démocratique (Istiqlal, USFP et PPS) complique la donne, et ce même si les leaders de l’Istiqlal et du PPS ont obtenu l’accord de leurs bases pour faire partie du nouveau cabinet.

L’entrée de ce triumvirat au gouvernement n’est pas du goût d’un des poids lourds de la scène politique. Le RNI, désormais dirigé par le très influent Aziz Akhannouch, conditionne sa participation à la majorité par l’éviction de l’Istiqlal, nous confie une source proche des négociations. Le RNI a déjà scellé une alliance avec l’UC de Mohammed Sajid, qui compte lui emboîter le pas quelle que soit sa décision. Le MP de Mohand Laenser, lui, propose de ressusciter l’alliance libérale formée par les partis du « Wifak », l’alliance formée pendant les années 1990 pour contrer la Koutla. Une position qu’il a exprimée lors de la tenue du conseil national de son parti.

Dans cette guerre de positionnement, l’USFP fait la fine bouche. Le patron du parti socialiste, Driss Lachgar, qui sait que son parti peut compléter une majorité formée par le PJD, l’Istiqlal et le PPS, avance ses conditions jugées « irréalisables » par notre source : il espère que la présidence de la première chambre sera confiée au dirigeant USFP Lahbib Malki. « Nous restons sur la position exprimée lors du premier entretien, qui consiste à ne pas saboter la formation de la majorité. Nous attendons l’offre du Chef du gouvernement » se contente de nous déclarer Driss Lachgar, qui se refuse à tout autre commentaire. Une simple surenchère pour mieux négocier avec le PJD ? Difficile de trancher.

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