À Goulmim, Mbarka Bouaida chasse les mauvais génies

La tête de liste RNI à Goulmim se bat pour entrer au Parlement, dans une circonscription très disputée et qui ne compte que deux sièges.

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Crédit: Reda Zaireg/ Flickr

Les visages sont crispés en ce mercredi 5 octobre dans le petit village de Lksabi. Des dizaines de chioukhs (chefs de tribus) affluent vers la maison familiale des Bouaida. L’heure est grave. À deux jours du scrutin, le clan des Bouaida joue son va-tout pour tenter de barrer la route au principal concurrent de la n°2 des Affaires étrangères, le tête de liste USFP Lahbib Anazoum, soutenu par le très influent président de la région Goulmim-Oued Noun, Abdelouahab Belfkih. Présent au déjeuner offert par la famille Bouaida aux chefs tribaux, un membre du RNI commente : « Cela va être dur cette fois-ci. L’USFP est favori dans cette circonscription. Ils ont présenté un candidat richissime. » C’est que ces élections sonnent comme un remake du suffrage de 2015, où Goulmim a été le théâtre d’un âpre affrontement entre les Bouaida et les Belfkih, deux familles des plus influentes du nord du Sahara.

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Crédit: O.Alaoui

Dans la salle omnisports de Goulmim, les cadors du RNI n’ont pas laissé passer l’occasion pour morigéner le candidat USFP. Devant un peu plus de mille sympathisants, Mbarka Bouaida et son colistier, le professeur universitaire Abdelouadoud Kharbouch, ont fustigé « les tentatives de division » dont serait responsable leur concurrent de l’USFP. « Goulmim, carrefour des civilisations, symbole du vivre-ensemble entre arabes et amazighs, est aujourd’hui menacée de racisme et de ségrégation », s’emporte Kharbouch, devant une salle conquise. C’est que selon le clan Bouaida, le candidat socialiste et son parrain, Abdelouahab Belfkih, jouent sur la corde ethnique pour déstabiliser la campagne de M’barka Bouaida, en essayant de convaincre les amazighs de la circonscription de voter contre la candidate RNI, taxée de favoritisme au profit des arabes sahraouis. « C’est un discours très dangereux, on n’a jamais vu ça dans la région », déplore-t-elle.

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Crédit: O. Alaoui

Issu de la tribu des Aït Baamrane, le candidat socialiste table sur le vote amazighe, dont les électeurs sont majoritaires, pour barrer la route à Bouaida. Mais, fort de son métissage, puisqu’elle est à la fois issue de la tribu des Aït Lahsen de par son père, et des Aït Baamrane de par sa mère, Bouaida conserve selon toute vraisemblance ses chances de remporter au moins un siège. Problème : un inconnu de taille s’est immiscé dans ces élections : le vote PJD. « Ce sont des gens qui travaillent toute l’année. Ils sont un tissu associatif à leur côté, et leur score en ville sera déterminant sur le résultat du scrutin », nous confie un cadre du RNI. Arrivé troisième aux élections municipales de 2015, le PJD a de fortes chances de remporter son premier siège parlementaire au Sahara. Une éventualité qui n’arrange pas les affaires du clan Bouaida, déjà en affrontement larvé avec les Belfkihs.

Présent pour soutenir sa favorite, le président du RNI Salaheddine Mezouar ne s’est pas fait prier pour critiquer le candidat USFP. « J’en appelle à vous, les chioukhs, de relever le défi du 7 octobre en faisant barrage aux tentatives de division », a-t-il énergiquement lancé en direction des chefs tribaux, assis juste derrière l’estrade où il a prononcé son discours. Plus de 155 000 électeurs sont attendus aux urnes le 7 octobre dans la circonscription de Goulmim. Mbarka Bouaida aura besoin du soutien des chefs tribaux et de tous les saints pour rester dans la course.

Crédit: O.Alaoui
Crédit: O. Alaoui

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