Un hajj sur fond de tensions entre l'Arabie saoudite et l'Iran

Les monarchies du Golfe accusent l'Iran de chercher à « politiser » le pèlerinage, tandis que Téhéran fustige pour sa part une « mauvaise gestion ». Le hajj de cette année est tout sauf paisible.

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AFP.

Quelque deux millions de fidèles participant hajj ont effectué, lundi 12 septembre et sous haute surveillance, le rituel de la lapidation des stèles de Satan à Mina. Un événement qui s’est déroulé sans incident majeur, contrairement à l’année dernière, où des centaines de personnes ont perdu la vie lors d’une gigantesque bousculade, dans ce qui a été considéré comme l’épisode le plus meurtrier de l’histoire du hajj.
Si le hajj n’a pas connu d’incident majeure cette année, le drame de Mina pèse toujours. Pour la première fois depuis trente ans, l’Iran a décidé de ne pas envoyer de pèlerins à La Mecque, en raison du « refus des Saoudiens de remplir les exigences des Iraniens », après le drame de Mina qui avait fait 717 morts en 2015, selon la déclaration du chef de l’organisation iranienne chargée du hajj, Saïd Ouhadi, rapportée par le Monde.

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Suite à des pourparlers infructueux, les deux pays se sont mutuellement accusés de chercher à politiser le hajj. Le 7 septembre, le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a dénoncé avec véhémence la famille régnante saoudienne en affirmant « qu’elle ne méritait pas de gérer les lieux saints de l’islam ». « Cette catastrophe montre une nouvelle fois que cette descendance maudite maléfique ne mérite pas de gérer les lieux saints » de l’islam, a déclaré Khamenei en recevant les familles de 464 pèlerins iraniens morts il y a un an, selon son site officiel, rapporte l’AFP.

L’Iran « ne pardonnera jamais pour le sang versé de ces martyrs », a déclaré de son côté le président Hassan Rohani. Téhéran avait accusé Riyad « d’incompétence » dans l’organisation du hajj après ce drame. rapporte l’AFP.

Ces propos, qualifiés d’« inappropriés et offensants » par le CCG (Conseil de la coopération du golfe), sont « une claire incitation et une tentative désespérée de politiser le rite du hajj », a dénoncé le secrétaire général du CCG, Abdellatif Zayani, dans un communiqué. Le grand mufti saoudien, cheikh Abdel Aziz al-Cheikh a avancé que les Iraniens « ne sont pas des musulmans ».

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Le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, a réagi, affirmant qu’« il n’y a effectivement aucune ressemblance entre l’islam des Iraniens (…) et celui de “l’extrémisme fanatique” que prêchent (les Saoudiens) ». Le président Hassan Rohani a, lui, appelé à « punir le gouvernement saoudien ». 

Cette passe d’armes entre les deux pays démontre que la rivalité sur la suprématie régionale est à son comble. Fin mai, le ministre iranien de la culture a déclaré que les Iraniens n’iront pas en pèlerinage à La Mecque, évoquant ce qu’il a qualifié d’« entraves » de la part de l’Arabie saoudite. « Après deux séries de négociations sans résultats à cause des entraves des Saoudiens, les pèlerins iraniens ne pourront malheureusement pas effectuer le hajj », a déclaré le ministre, Ali Janati.

Néanmoins, l’Arabie saoudite peut compter sur le soutien du Maroc, qui a salué les mesures prises par le royaume wahhabite, pour garantir « la sécurité, la quiétude et le confort des pèlerins et leur permettre d’accomplir ce devoir religieux dans les meilleures conditions », avait indiqué le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération dans un communiqué. Le Maroc appelle à faire en sorte que ce pilier de l’islam « reste à l’écart de toute tentative de politisation et de tout ce qui est de nature à altérer l’ambiance de recueillement » qui doit prévaloir en pareille occasion.

Un mouvement de foule meurtrier a endeuillé le Hajj en 2015, entraînant la mort de quelque 717 personnes et provoquant 863 autres blessées, dont 460 pèlerins iraniens, près de Mina. Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a fustigé la « mauvaise gestion » des autorités saoudiennes, prétendant que des « mesures inappropriées » étaient à l’origine du drame. Il avait appelé le gouvernement saoudien « à accepter l’énorme responsabilité de cette catastrophe ».

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