Les déchets italiens seront bientôt incinérés par Lafarge

Les analyses des déchets italiens étant « conformes » selon Elhaité, Lafarge peut désormais les incinérer. Fin d’un long feuilleton.

Par

Déchets RDF. Crédit : TelQuel

L’affaire des déchets italiens touche-t-elle à sa fin ? À en croire Hakima Elhaité, les analyses réalisées sur l’échantillon sont conformes aux normes en vigueur. Dit sans fioriture, « les déchets ne sont pas dangereux », répète-t-elle. Refusant de nous livrer les détails des analyses, elle s’engage toutefois à les rendre publics « bientôt ». Conséquence : les 2 500 tonnes de déchets de type RDF stockés dans le hangar de la cimenterie Lafarge depuis juin sont prêts à être incinérés. « Ce n’est qu’une question de procédure. Beaucoup de cadres sont encore en vacances », nous confie une source au sein de la filiale de la SNI.

Finie l’interdiction

L’importation de 2 500 tonnes de déchets avait suscité la polémique fin juin 2016. Sous la pression des réseaux sociaux, le gouvernement a décidé, le 14 juillet, d’interdire l’importation des déchets. « Le gouvernement a décidé d’interdire l’importation des déchets », annonçait laconiquement Mustapha Khalfi, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, lors d’une conférence de presse tenue à l’issue du Conseil de gouvernement. Résultat : Tous les déchets sans exception étaient interdits d’importation, y compris les pneus déchiquetés que plusieurs opérateurs importaient depuis une dizaine d’années. Conséquence : Hakima Elhaité a bloqué tous les dossiers d’importation depuis le 14 juillet, ce qui a suscité l’ire des professionnels. « Nous sommes pris en otage dans cette affaire et tous les ministères campent sur leurs positions », nous déclarait début août David Toledano, président de la Fédération des industries des matériaux de construction. Et le lobbying des opérateurs a fini par payer, puisque l’importation  des déchets a de nouveau été autorisée. « Maintenant, tous les dossiers ont été débloqués », nous confie Elhaité.

Lire aussi: Pourquoi la polémique sur les déchets italiens est un enfumage

Aux origines de la polémique

Tout commence le 24 juin. Un bateau s’amarre au port de Jorf Lasfar. À son bord, 2 500 tonnes de déchets, cargaison destinée à être incinérée dans les fours de la cimenterie Lafarge, située dans la province de Nouaceur. Ces déchets portent un nom : des RDF – Refuse-derived fuel – ou combustible solide de récupération. En clair, il s’agit d’un mélange de plastique, de bois, de carton et de tissus, le tout est broyé. Dans le monde des cimentiers, ce combustible alternatif est très prisé, au point qu’en Europe, pas moins de 20 millions de tonnes sont injectées chaque année dans les fours des cimenteries.

Lire aussi: Comment sont utilisés les déchets “RDF” ailleurs ?

« Ce n’est pas le premier bateau de déchets qui arrive au port. D’ailleurs, tous les cimentiers sans exception ont déjà importé des RDF », nous confiait une source à la douane. Même son de cloche du côté de l’Association professionnelle des cimentiers : « Nous importons des RDF depuis 2012 », nous a expliqué un cadre de Lafarge président du comité technique de l’association. Mais, ce jour-là, un employé, surpris par la nature de la marchandise, prévient une association locale qui s’empresse à son tour d’alarmer la presse. Le centre régional de l’environnement et du développement durable d’El Jadida ouvre le bal le 28 juin, condamnant l’importation de ces déchets « qui s’avèrent dangereux et toxiques, ce qui provoquera des dommages humains et environnementaux et conduira à l’émergence de nombreuses maladies graves et chroniques, ainsi qu’à des anomalies congénitales et à des incapacités permanentes. » S’ensuivront d’autres communiqués, largement relayés sur les réseaux sociaux, mais aussi par la plupart des journaux. De là est née une polémique qui n’a pris fin qu’après l’interdiction confuse annoncée par le gouvernement.

Rejoignez la communauté TelQuel
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous

Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer