Viols, électrocutions : Amnesty dénonce la torture systématique dans les prisons syriennes

Le régime syrien a eu recours à la torture à « grande échelle » dans ses prisons, dénonce Amnesty International. Depuis de la début de la guerre, au moins 300 détenus décèdent chaque mois.

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Illustration des tortures infligées dans les prisons syriennes. Crédit: Amnesty International / Mohamad Hamdoun

Electrocutions, brûlures à l’eau bouillante, viols: le régime syrien a eu recours sur une « grande échelle » à la torture dans ses prisons où plus de 17 700 détenus ont péri en cinq ans de guerre, a indiqué ce 18 août Amnesty en dénonçant « une cruauté sous sa forme la plus vile ».

« Ils nous traitaient comme des animaux. J’ai vu le sang couler, on aurait dit un fleuve », affirme Samer, un avocat en parlant de ses anciens gardiens durant sa détention. Son témoignage figure parmi les 65 récits d’ex-détenus qui ont croupi dans les prisons des services de renseignement du régime et dans la prison militaire de Saydnaya près de Damas, et ont été recueillis par Amnesty International.

Les actes de torture y sont « généralisés et systématiques contre tous les civils soupçonnés d’être contre le régime », a ajouté dans son rapport l’ONG basée à Londres en dénonçant des « crimes contre l’Humanité ». Au moins 17 723 prisonniers sont morts en détention depuis le début de la guerre en mars 2011, soit, en moyenne, plus de 300 décès par mois, d’après l’ONG. Mais selon elle, les chiffres réels sont bien plus élevés en citant des dizaines de milliers de disparitions forcées.

De nombreux prisonniers ont été libérés soit après des différentes amnisties décrétées par le régime ces dernières années, soit après des échanges de prisonniers ou après des procès et se trouvent dans des lieux non précisés.

Les anciens détenus ont raconté de sinistres rituels à Amnesty, notamment « la fête de bienvenue », durant laquelle les nouveaux détenus sont « roués de coups » au moyen de barres de fer, de plastique ou de câbles électriques. Autres sévices: décharges électriques, brûlures à l’eau bouillante et viols. Omar S. a raconté qu’un gardien avait contraint deux hommes à se déshabiller et avait ordonné à l’un de violer l’autre, le menaçant de mort s’il n’obtempérait pas. Saïd, un militant antirégime, a affirmé avoir été violé, devant son père, à l’aide « d’une matraque électrique » en étant suspendu d’un seul bras et en ayant les yeux bandés.

La plupart des victimes d’exactions « ont raconté avoir vu des personnes mourir en détention, et certaines ont affirmé s’être retrouvées avec des cadavres dans leur cellule », selon l’ONG de défense des droits de l’Homme. Un ex-détenu « raconte qu’un jour la ventilation avait cessé de fonctionner et que sept personnes étaient mortes étouffées » dans des centres de détention surpeuplés, selon Amnesty.

« Le caractère systématique et délibéré de la torture et des autres mauvais traitements à la prison de Saydnaya témoigne d’une cruauté sous sa forme la plus vile et d’un manque flagrant d’humanité », dénonce Philip Luther, directeur pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty.

A Saydnaya, où il fait très froid l’hiver, les détenus sont maintenus pendant des semaines dans des cellules souterraines sans couverture, selon le rapport. D’ex-prisonniers ont confié avoir mangé des noyaux d’olive et des écorces d’orange pour ne pas mourir de faim.

Salam, un avocat d’Alep détenu deux ans à Saydnaya, a déclaré que « des gardiens avaient battu à mort un entraîneur de kungfu et cinq autres détenus. Puis ils ont passé à tabac 14 autres, tous morts en une semaine. On voyait le sang couler de leur cellule. »

L’ONG, qui dénonce des « procès iniques », fait aussi état de « nourriture insuffisante, de soins médicaux limités et d’absence d’installations sanitaires adaptées » dans les prisons, « un traitement inhumain et cruel ».

La guerre en Syrie, déclenchée en mars 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, a fait plus de 290 000 morts.

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