Thaïlande: la femme d'un journaliste britannique interrogée pour diffamation de la royauté

Les autorités thaïlandaises interrogent la femme d'un journaliste britannique qui a partagé des photos peu flatteuses du prince Maha Vajiralongkorn publiées par le magazine allemand Bild.  Elle était soupçonnée de lèse-majesté.

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Maha Vajiralongkorn, DR Bild News

La femme d’un journaliste britannique ayant posté le 21 juillet sur les réseaux sociaux des photos peu flatteuses du prince thaïlandais publiées par le journal allemand Bild a été interrogée le 22 juillet pendant plusieurs heures par la police de Bangkok avant d’être relâchée. Noppawan Bunluesilp, âgée de 39 ans, est l’épouse thaïlandaise d’Andrew MacGregor Marshall, journaliste très critique de la monarchie et qui ne vit plus dans le pays.

Jeudi 21 juillet , ce dernier a posté sur les réseaux sociaux des liens vers un article mis en ligne par le magazine allemand Bild montrant le prince Maha Vajiralongkorn à l’aéroport de Munich. La police cherchait à savoir si elle avait un lien avec ces publications, qui pourraient être considérées comme lèse-majesté selon la très stricte loi thaïlandaise qui protège la famille royale.

« Elle a été relâchée. D’après nos investigations, elle n’est pas impliquée dans l’affaire », a déclaré Thitirat Nongharnpitak, chef du Bureau central d’investigation (CIB).

« Le coupable est Andrew MacGregor Marshall qui viole depuis des années les lois de lèse-majesté », avait affirmé ce dernier dans la matinée.

« Il agit depuis l’étranger pour attaquer le roi, la reine, la princesse Sirindhorn et tous les membres de la famille royale en continu », a-t-il ajouté, précisant que les photos avaient été « trafiquées ».

« La police m’a dit que je pouvais rentrer chez moi », a déclaré Noppawan Bunluesilp, son fils de trois ans dans les bras à la sortie du poste de police. « J’ai dit à Andrew qu’il fallait arrêter car cela affectait son fils, sa femme et la famille de sa femme », a-t-elle ajouté.

La page du site internet de Bild était vendredi inaccessible depuis la Thaïlande. A la place s’affiche le logo du ministère de l’Information et cette phrase: « Cette page a été bloquée par le ministère en raison de son contenu inapproprié ».

La famille royale thaïlandaise est protégée par une des lois de lèse-majesté les plus sévères au monde. Depuis l’arrivée au pouvoir de la junte en mai 2014, les poursuites se sont multipliées et les sentences alourdies.

En août 2015, un homme a été condamné à 30 ans de prison et une femme à 28 ans après avoir publié sur Facebook plusieurs messages jugés insultants pour la famille royale.

Dans un pays très divisé politiquement, le sujet de la succession de Bhumibol Adulyadej, 88 ans et très malade, est extrêmement sensible. Il n’a aucune prérogative constitutionnelle mais il exerce une très forte autorité morale et reste considéré comme la seule personnalité capable de réunir les Thaïlandais.

La dernière apparition publique du roi, fugace, remonte à septembre, avec une courte vidéo le montrant dans un fauteuil roulant, à l’hôpital de Bangkok où il est soigné depuis juin 2015.

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