Ce que signifie la visite de la délégation marocaine en Algérie

Lutte contre le terrorisme, conflit du Sahara et retour du Maroc dans l'Union africaine étaient au cœur de la visite surprise de Nacer Bourita, ministre délégué aux Affaires étrangères et de Yassine Mansouri patron de la DGED à Alger.

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« Surprenante », « énigmatique », voilà comment la presse algérienne décrit la visite express de Nacer Bourita, ministre délégué aux Affaires étrangères et de Yassine Mansouri patron de la DGED (Direction générale des études et de la documentation) le 16 juillet à Alger. Reçu par Abdelmalek Sellal, le Premier ministre algérien, le voyage diplomatique des deux émissaires du roi Mohammed VI soulève beaucoup de questions. Selon Mustapha Sehimi, « cette visite a, d’un côté un attrait de courtoisie des responsables marocains, et de l’autre elle s’inscrit dans une approche unitaire de coopération. Le Maroc montre ainsi qu’il dépasse les contentieux existants entre les deux pays pour aller de l’avant ».

Union Africaine : le retour

Le passage hautement symbolique de Bourita et Mansouri à Alger est aussi une manière « d’informer l’Algérie du nouvel esprit du Maroc à l’encontre de l’Union africaine » souligne Sehimi. Abdelkader Messahel ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue des États arabes était également présent lors de l’audience du 16 juillet. Le lendemain, le roi Mohammed VI a annoncé la volonté du Maroc à réintégrer l’Union africaine (qu’il a quitté en 1984). Le courrier en question a été remis à Idriss Deby, actuel président de l’UA lors du sommet de l’organisation africaine.

Le conflit du Sahara : changement de tactique

Cette visite ponctue ainsi l’offensive diplomatique en Afrique impulsée par le roi « pour créer une cohésion du continent mais aussi pour mettre en équation la question du Sahara » indique Sehimi.  Driss Ganbouri, politologue, abonde dans le même sens : « le Maroc a changé de tactique, après des décennies de blocage, voilà pourquoi cette visite en Algérie ouvre, avec force, une voie diplomatique pour régler les problèmes qui opposent les deux pays sur la question du Sahara ».

Cette rencontre annonce-t-elle les prémices d’une éventuelle résolution du conflit du Sahara, l’Algérie étant un soutien actif des séparatistes ? Mustapha Sehimi répond par le négative. « L’Algérie ne sera pas réceptive. C’est un système assez rigide. Personne ne peut prendre une telle décision aujourd’hui ». Mais le Maroc demeure gagnant selon la même source « le Maroc n’est pas naïf, il gagne en montrant sa bonne volonté, son ouverture au dialogue », enchaîne-t-il.

Ensemble contre le terrorisme ?

La question de lutte antiterrorisme était à l’ordre du jour, et c’est d’ailleurs l’unique information officielle issue de cette audience. Les services du Premier ministre algérien ont indiqué, le 16 juillet, dans un communiqué que « l’accent a été particulièrement mis sur la sécurité régionale, notamment la lutte contre le terrorisme et le crime transnational organisé, les questions liées à la migration et la problématique du développement ».

Et demain ?

Quelle est la prochaine étape pour le Maroc ? « Ca serait d’acter politiquement l’intégration du Maroc à l’UA ». A savoir envoyer une demande écrite qui sera votée par les membres de l’organisation. Sehimi estime que « le Maroc aura la majorité mais la question de la ‘RASD’ [qui siège à l’UA, ndlr] n’est pour le moment pas réglée ».

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