«Les Feuilles Mortes», le court-métrage marocain qui met en relief les attentats de Paris

Yahya et Youssef, deux jeunes marocains étudiants en écoles d’ingénieurs en France ont produit un court-métrage hommage sur les attentats de Paris. Un projet bouleversant, pour des jeunes bouleversés.

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Plusieurs mois après la diffusion de leur court-métrage, les deux amis n’en reviennent toujours pas. Yahya Benslimane et Youssef Benjelloun, deux Marocains dans la fleur de l’âge, ne s’attendaient sûrement pas à autant de retours positifs après avoir produit les Feuilles Mortes, un court-métrage consacré aux attentats du 13 novembre ayant sévi en France. « À la base, nous voulions participer au concours du film court organisé par le service culturel du CROUS [système de bourse en France, ndlr]. Le thème choisi pour cette année était « sauvage ». Pour nous, ça connotait la sauvagerie de la vie et, en particulier, celle de l’Homme » témoignent ces derniers. En se classant 2e au concours régional (en lice pour la phase nationale), et en multipliant le nombre de vues sur leur œuvre, les deux compères assurent plus que l’essentiel : « Nous nous attendions pas à toucher autant de monde. Nous avons été surpris de voir des gens pleurer face au film : Nous avons pu créer des liens émotionnels, et c’est cela, pour nous, la véritable réussite des Feuilles Mortes. »

Très vite, l’idée de se servir de ces terribles événements pour  le concours leur vint en tête. « C’était pour nous un moyen de dénoncer tous les crimes commis dans le monde, au nom de quelque cause. C’était aussi, de notre point de vue, un message de paix, d’invitation à la tolérance, et de soutien : Deux étudiants musulmans réalisant un court-métrage pour dénoncer des actes barbares, commis au nom de leur religion », détaillent-ils. Le pitch ? L’histoire d’une rencontre entre deux jeunes gens, partageant une même passion. Elle les a tirés de leur quotidien pour leur faire vivre, du moins pour quelques temps, l’amour, avec ses joies et ses malheurs. « Cela nous a renvoyés à une véritable pensée à toutes ces personnes innocentes qui sont tuées chaque jour, partout dans le monde, pour rien. »

Tous les deux élèves en double diplômes a l’INSA, à Lyon, ils restent avant tout des passionnés de cinéma et de création audiovisuelle. « Nous avions déjà, chacun de son côté, réalisé des courts-métrages et autres vidéos, sans jamais avoir eu d’impact. C’était l’occasion d’essayer de faire quelque chose d’important, de parler d’un sujet sensible, qui nous a tous touchés » explique Youssef. Car comme beaucoup de jeunes de leur âge, ce jour-là, ils étaient comme pétrifiés devant l’horreur qui venait de se dérouler dans les rues parisiennes. « Nous étions bouleversés et furieux que d’autres victimes innocentes aient encore été tuées, et nous l’étions aussi parce que c’était fait au nom de notre religion. »  Ces événements si proches d’eux les ont effrayés. Inquiets pour une partie de leur famille  vivant à Paris, ils l’étaient tout autant à l’idée que la haine envers les musulmans puisse s’amplifier. « Mais nos inquiétudes n’étaient pas fondées. Au contraire, nous avons trouvé une tolérance et une compréhension exemplaires, nous étions tous soudés face à cette attaque », avance Yahya.

Tous deux, de par leur origine et de leur expérience à l’étranger, témoignent de la richesse et de la diversité culturelle. « Cet échange [En France, ndlr] a été l’occasion idéale pour développer un esprit multiculturel et un parcours riche en apprentissages », explique de son côté Yahya. Youssef, lui, a toujours considéré qu’un séjour de quelques années à l’étranger était « nécessaire pour bâtir sa carrière professionnelle et forger sa personnalité. » « Je suis à présent convaincu que mon choix était judicieux et qu’il est crucial de quitter son pays pour avoir une vision différente des choses et être plus critique envers le monde qui nous entoure », explique-t-il.

Faire d’autres court-métrages à l’avenir ? Ils l’espèrent de tout cœur. Mais toujours avec un message. « Notre objectif en faisant ce court-métrage était d’essayer de créer un lien entre le spectateur et ce jeune couple. Nous voulions qu’il puisse s’y attacher en moins de cinq minutes, pour qu’il ressente ce que c’est que de perdre des gens à qui l’on tient, dont la vie est arrachée violemment, sans raison. C’était notre moyen de montrer notre soutien aux familles et aux amis des victimes », concluent-ils, le cœur léger.

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