La formation des imams étrangers au Maroc jugée « inadaptée » par des sénateurs français

Après une visite au Maroc, des sénateurs français jugent la formation des imams étrangers au royaume comme étant « inadaptée au contexte français ».

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Le ministre des affaires étrangères français et le ministre des Affaires islamiques marocain signent la convention sur la formation des imams. Crédit : Alain Jocard/AFP.

La formation des imams étrangers au Maroc, un exemple à suivre ? Ce n’est pas l’avis d’une mission parlementaire française qui s’était rendue au Maroc en avril dernier afin de sonder le contenu des formations dispensées aux imams français au royaume. Dans un rapport rendu public, la mission d’information sénatoriale sur l’organisation, la place et le financement de l’islam en France réfute l’idée de former des imams français à l’étranger. Que cela soit au Maroc ou en Algérie. Principale crainte des sénateurs: la dépendance « de l’Islam de France » à l’égard de pays comme l’Algérie, le Maroc ou la Turquie.

La formation des imams au Maroc considéré comme un palliatif

Verdict de la mission parlementaire de l’hexagone : la formation à l’étranger de futurs imams français doit être suspendue en raison de son inadaptation au contexte français. Nathalie Goulet, sénatrice française, précise dans son rapport que « les imams détachés des pays d’origine, de même que la formation à l’étranger d’imams français, constituent un palliatif dans l’attente d’imams formés en France, sur la base d’une formation unifiée et adaptée au contexte français », explique-t-elle dans son rapport.

En septembre 2015, le ministre de l’Intérieur français avait négocié un accord avec le Maroc qui prévoyait une formation de plus de 50 imams par an. Accueillis dans les différentes institutions religieuses marocaines, les imams en question devaient par la suite compléter leur formation par un module sur l’histoire, la laïcité et la sociologie religieuse dans des universités françaises.

Le Maroc en tête, avec six millions d’euros de subventions

Une idée qui n’est visiblement pas du goût des sénateurs venus au Maroc qui, pourtant, d’après nos sources, ont notamment visité le centre de formation des imams de Rabat, présenté comme étant une pépinière de l’Islam marocain modéré. S’en est suivi une rencontre avec différents acteurs du monde de la recherche et des médias. Les discussions se sont essentiellement portées sur la formation des imams, mais aussi la prochaine création en France d’une institution ou d’une fondation chargée de réguler et de contrôler le culte musulman, nous explique une source présente lors de la rencontre.

Autre fait saillant rapporté par la mission d’information, la subvention des pays étrangers pour le financement du culte musulman en France où le Maroc se trouve être en tête. Avec ses six millions d’euros pour la seule année de 2016, il devance l’Algérie qui fournit 2,8 millions d’euros ou encore l’Arabie saoudite avec ses 3,8 millions d’euros fournis depuis 2011.

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