Entreprises publiques: La dette en devises représente 17% du PIB !

La part de la dette en devises des EEP ne cesse d’augmenter depuis 2008. Elle totalise 160 milliards de dirhams à fin 2015, soit 65,2% du total de l’endettement du secteur, et représente 17% du PIB. Un facteur qui présente de grands risques macroéconomiques.

Par

Driss Jettou, Premier président de la Cour des comptes.

La dette en devises des entreprises et établissements publiques (EEP) flambe. Le rapport de la Cour des comptes publié le 22 juin dresse un sombre tableau de la situation de la dette extérieure de ce secteur. « La dette en devises n’a cessé d’augmenter depuis 2008. À fin 2015, elle totalise 160,3 milliards de dirhams, soit 65,2% du total de l’endettement du secteur et représente 17% du PIB », précise l’institution dirigée par Driss Jettou. Sur ce stock, 106 milliards de dirhams sont garantis par l’État.

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La progression continue de la dette en devises présente d’énormes risques pour les finances publiques, car toute défaillance des organismes débiteurs dans le règlement de leurs dettes garanties entraînera leur prise en charge par le budget général de l’État.

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ONEE, OCP et ADM, une dette en devises de 104 milliards de dirhams

L’ONEE, l’OCP et ADM sont le trio qui arrive en tête de peloton en matière de dette de financement libellée en devises. Les magistrats de la Cour des comptes précisent néanmoins que la dette contractée par l’OCP, qui représente une part importante dans la dette extérieure du secteur, n’est pas garantie par l’État. Sur la dette globale de 54 milliards de dirhams contractée par OCP, plus de 41 milliards de dette sont en devises. Cette dette « a été contractée pour accompagner sa stratégie de développement et financer ses programmes d’investissement », signale la Cour des comptes. Il s’agit, notamment, de l’augmentation des capacités de production et de la valorisation des phosphates en vue de répondre à la demande du marché, la préservation de la compétitivité des coûts via un important programme industriel et une stratégie commerciale permettant le développement de nouveaux produits et de variétés d’engrais en nouant des partenariats stratégiques.

Pour l’ONEE, la dette en devises ressort à 39 milliards de dirhams sur un total de 56 milliards de dirhams. ADM (Autoroute du Maroc) arrive en 3e position en termes du montant de la dette en devises. Elle ressort à 23 milliards de dirhams sur un total de dette de financement de 39 milliards de dirhams. Pour des organismes tels que le MASEN et la RAM, la dette est entièrement libellée en devises à 9 et 5,5 milliards de dirhams.

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« L’augmentation de l’endettement des EEP a permis d’accompagner le financement des programmes structurants tels que le renforcement des capacités de production de l’eau et le développement de l’offre électrique afin d’accompagner le développement des besoins du pays », tient à préciser la Cour des comptes. S’y ajoutent la mise en œuvre d’une politique volontariste de développement des énergies renouvelables, le développement de la connectivité maritime du Maroc grâce notamment à la mise en exploitation du port Tanger Med et la réalisation d’infrastructures de transport moderne dans les domaines autoroutier, ferroviaire, portuaire et aéroportuaire.

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