Tunisie : Ennahda entame sa mue

Ennahda a confirmé lors de l'ouverture de son congrès sa volonté de tenir la religion bien à l'écart des luttes politiques.

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Le leader du parti Ennahda, Rached Ghannouchi, s'adresse à ses partisans, le 27 octobre 2014 à Tunis à l'occasion des élections législatives.
Le leader du parti Ennahda, Rached Ghannouchi, s'adresse à ses partisans, le 27 octobre 2014 à Tunis à l'occasion des élections législatives. Crédit: Fadel Senna/AFP

Le parti tunisien Ennahda ne va plus se réclamer de l’islam politique, qui « n’a plus de justification en Tunisie« , a affirmé son président Rached Ghannouchi dans une interview publiée 19 mai par le quotidien français Le Monde. « On sort de l’islam politique pour entrer dans la démocratie musulmane. Nous sommes des musulmans démocrates qui ne se réclament plus de l’islam politique« , a-t-il déclaré.

Pour Ghannouchi, « l’activité religieuse doit être indépendante de l’activité politique« , car selon lui, « les politiques ne seront plus accusés de manipuler la religion à des fins politiques. Et c’est très bien aussi pour la religion afin qu’elle ne soit pas elle-même otage de la politique« , affirme t-il au journal Le Monde.

Le premier congrès du parti depuis 2012 s’est ouvert le 20 mai  à Radès, près de Tunis, l’occasion pour Ennahda d’acter la rupture avec la prédication, une première dans les mouvements islamistes.

Selon l’agence MAP, le moment fort de la séance inaugurale, tenue dans la salle olympique de Radès, fut l’allocution du président Béji Caid Essebsi, qui a loué « le progrès » accompli par le mouvement dans le sens de la transformation en « parti civil débarrassé du totalitarisme doctrinal et du monopole de la religion ».

Les propos Béji Caid Essebsi ont été confirmé par le président d’Ennahda. « Ennahda est passé du statut de mouvement idéologique engagé dans la lutte pour l’identité à celui de mouvement de protestation contre le régime autoritaire, et désormais il est un parti démocratique national », a déclaré Rached Ghannouchi, président d’Ennahda, à ses partisans lors d’un rassemblement politique, rapporte Reuters. « Nous devons tenir la religion bien à l’écart des luttes politiques« , a-t-il ajouté.

Ennahda est le premier parti islamique à prendre part au gouvernement de coalition consécutif à la chute de Zine el-Abidine Ben Ali.

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