Pour la diplomatie américaine, les conditions carcérales ne s'améliorent pas au Maroc

Les conditions de détention au Maroc sont «médiocres» et ne respectent pas les «standards internationaux» selon un rapport du département d'Etat américain.

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Un détenu à la prison d'Oukacha à Casablanca (image d'illustration). Crédit: Yassine Toumi / TelQuel

Le rapport américain 2015 sur les droits humains dans le monde, et notamment au Maroc, a été publié ce 14 avril, par le Département d’État des États-Unis. Dans le chapitre consacré aux prisons marocaines, le constat est sans appel : « Les conditions de détention sont restées médiocres et n’ont globalement pas respecté les standards internationaux ». Se basant sur les constats d’ONG et sur des sources gouvernementales, le rapport dresse le bilan.

Des détenus en mauvaise santé

Les conditions physiques des détenus concernent les premiers éléments relevés par le rapport pour l’année 2015 : surpeuplement des prisons et mauvaise qualité et faible quantité de la nourriture qui leur est servie « surtout en ce qui concerne la distribution de viande […] les amis et la famille( des prisonniers, ndlr) sont fréquemment amenés à compléter le régime des détenus par des paniers-repas », rapporte le bilan américain, qui se base sur les rapports d’organisations locales.

Autre alerte, la santé : « Des agences non gouvernementales locales ont affirmé que les prisons ne fournissaient ni d’accès adéquat à la santé, ni une prise en charge adaptée aux détenus handicapés.» De son côté, le gouvernement affirme avoir accordé  à chaque prisonnier une moyenne de six visites médicales l’année dernière. 119 prisonniers sont morts en détention, parmi lesquels 14 pendant le transport vers l’hôpital et 82, à l’hôpital. « Les ONG locales n’ont pas pu confirmer ces chiffres », précise le rapport.

Abus sexuels sur mineurs

Problème récurrent dans les prisons, les abus sur les détenus les plus vulnérables. Parmi eux, les abus sexuels commis sur des détenus mineurs par d’autres mineurs, par des détenus majeurs ou par des gardiens de prison. « La loi prévoit la séparation des mineurs, mais les autorités ont placé un certain nombre de mineurs dans des cellules où étaient détenus des prisonniers majeurs, en particulier avant leurs procès, dans les commissariats et prisons standards » note le rapport. Le gouvernement a tenu à préciser que les mineurs de moins de 14 ans n’étaient toutefois pas enfermés avec les mineurs dont les âges sont compris entre 15 et 18 ans.

Parmi les autres mauvais traitements évoqués, ceux réservés aux islamistes qui ont « défié l’autorité religieuse du roi et ceux qui ont ‘remis en cause l’intégrité territoriale du pays’ ». Le rapport note aussi la présence de 21 prisonniers, « considérés comme prisonniers politiques par des ONG, reconnus coupables après le démantèlement du camp Gdeim Izik et les violences à Laayoune ».

Le 5 février 2015, la Délégation générale à l’Administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR) s’était vue allouer une subvention d’un million de dollars par le gouvernement américain pour l’amélioration des conditions de détention. Le don portait à quatre millions de dollars le total des fonds alloués par les États-Unis à l’administration pénitentiaire marocaine.

 

Le mieux :

Le rapport américain rapporte également les activités du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) et du DGAPR et leur rôle de « médiateur ». Le document évoque un système de boite aux lettres où les prisonniers ont pu soumettre leur plaintes concernant leurs conditions de détention. « Les plaintes n’ont pas été censurées », précise le document : 79 plaintes concernant la torture ont été déposées auprès du CNDH, concernant huit prisons. Quatre d’entre elles ont été présentées devant le procureur et trois sont actuellement sous investigation. Deux officiels ont été poursuivis dans les deux autres.[/encadre]

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