Export : Le textile marocain a perdu sa bataille américaine

Les exportations marocaines vers les États-Unis sont presque à l'arrêt. Les opérateurs de textile marocains ne bénéficient plus de la clause de dérogation concernant les règles d'origine de l'accord de libre-échange avec les États-Unis.

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Photo d'illustration Crédit: Yassine Toumi

Les produits de textile marocain ne sont plus les bienvenus sur le marché américain. Certaines exportations vers les États-Unis ont été suspendues. «Les exportations sur le marché américain pâtiront de la fin du Tarif Preference Level (TPL)», regrette Mohammed Tazi, directeur général de l’Association marocaine du textile et de l’habillement (AMITH). Le TPL est une clause de dérogation aux règles d’origine prévues dans l’accord de libre-échange (ALE) entre le Maroc et les États-Unis, entré en vigueur en 2006. Elle permet aux exportateurs marocains d’accéder au marché américain même si leurs produits ne sont pas fabriqués à partir d’intrants 100% marocain.

Une perte de 500 millions de dirhams

«Pour qu’un pantalon ou un t-shirt accède au marché américain en franchise de droits de douane, il aurait fallu que le fil qui serve à les fabriquer soit marocain. Pour obtenir une flexibilité qui nous permette d’utiliser des matières hors zone, nous avions mis en exergue que le Maroc ne disposait pas d’une filière complète », explique le DG de l’AMITH. Cette dérogation est arrivée à échéance fin 2015. Les pertes pour le secteur du textile devraient être importantes. « L’enjeu n’est pas moins de 500 millions de dirhams d’export», regrette Mohammed Tazi.

Lobbying actif à Washington

Pour éviter ce scénario catastrophe, l’AMITH a mandaté en 2014 le cabinet d’avocats Sorini, Samet and Associates spécialisé dans le commerce international. Il avait pour mission de « convaincre des parlementaires qui pourraient porter le dossier » au sein du Congrès américain et obtenir le maintien des clauses de flexibilité. « Les lobbys sont autorisés aux États-Unis et cela fonctionne très bien », précise Tazi. Parmi les lobbyistes engagés dans l’action, Ronald J. Sorini, l’un des fondateurs du cabinet et ancien négociateur principal dans le textile au Bureau du représentant américain au commerce. À noter que le cabinet Sorini, Samet and Associates compte également parmi ses clients la Confédération des exportateurs de tissus des Philippines (depuis 2012) et l’Association des industries d’Haïti (depuis 2014). Le travail du cabinet n’aura toutefois pas suffi. « L’année dernière, les négociations du pacte transpacifique ont concentré toute l’énergie et tous les efforts. Notre demande de dérogation a été estimée négligeable par rapport à ces enjeux.» Toutefois, l’organisation ne baisse pas les bras, nous révèle le responsable de l’AMITH, et continue son travail avec le cabinet américain.

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