Croissance économique : Benkirane est-il dans le déni ?

Alors que presque tous les organismes aussi bien nationaux qu’internationaux ont revu à la baisse leurs prévisions de croissance pour 2016, le gouvernement préfère garder le silence. Cela renseigne sur son déni face à une conjoncture économique incertaine.

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Crédit : Rachid Tniouni

Alors que les organismes marocains d’analyse et de prévisions économiques —Bank Al-Magrib (1% de croissance), HCP (1,3%) et CMC (1,2%) — ont revu à la baisse leurs pronostics de croissance, le gouvernement ne semble pas se presser de revoir les 3% déjà annoncés dans le cadre de la Loi de Finances 2016.

Il est à rappeler que même le FMI a récemment annoncé une révision à la baisse de l’évolution de la croissance à 2,3%. La seule réaction de la part du gouvernement est venue d’Abdelilah Benkirane qui a déclaré à l’Économiste, dans son édition de ce jeudi 14 avril, qu’il «préfère plutôt prendre en considération des prévisions plus positives, formulées récemment par le FMI», faisant fi du 1% avancé par la banque centrale. Benkirane est-il dans le déni ?

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Contacté par Telquel.ma en février dernier, le ministre de l’Économie et des Finances, Mohamed Boussaïd, nous avait assuré laconiquement que «la croissance est une prévision qui est élaborée à l’occasion de la Loi de Finances en se basant sur un certain nombre d’hypothèses. Si les hypothèses retenues changent en cours d’année, le taux de croissance est révisé». Le département a ainsi tablé sur une année agricole moyenne. C’est-à-dire une production de 70 millions de quintaux. «Le démarrage de l’année agricole aujourd’hui ne permet probablement pas d’atteindre ce chiffre. Une fois qu’on aura plus de visibilité concernant la campagne agricole, le taux de croissance sera certainement ajusté. Et ce en fonction de l’ensemble des données, non seulement de l’activité agricole mais aussi des secteurs non agricoles» , avait-il précisé.

L’indifférence

Le ministre ne semble guère alarmé par l’incapacité des filières non agricoles à compenser la perte de la valeur ajoutée du secteur primaire. Pour Mohamed Boussaïd, «le seul changement dans l’hypothèse de croissance, c’est la partie agricole. La partie non agricole évolue normalement, conformément aux hypothèses de la Loi de Finances. Nous estimons qu’il n’existe pas aujourd’hui d’éléments concrets qui nous permettraient de dire que tel ou tel secteur est en difficulté cette année». Depuis cette date, aucune annonce n’a été faite par le gouvernement pour revoir ses prévisions de croissance. Pour certains économistes, le gouvernement doit même élaborer d’urgence une Loi de Finances 2016 rectificative au vu de la conjoncture actuelle. «Le département de Boussaïd doit aussi profiter des gains réalisés sur la Caisse de compensation pour booster la compétitivité et soutenir les filières en difficulté», signale Tarik El Malki, économiste et membre du conseil scientifique du Centre marocain de conjoncture (CMC).

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