Les salafistes manifestent devant le siège du PJD

Crédit Rachid Tniouni

Des dizaines de sympathisants de la cause des détenus salafistes ont manifesté devant le siège du PJD. En plus de rappeler leurs exigences et les promesses des autorités, la manifestation a aussi été l’occasion de régler quelques comptes…

Plusieurs dizaines de membres et sympathisants du Comité commun de défense des détenus islamistes (CCDDI) se sont réunis à Rabat, ce 25 mars, dans le quartier des Orangers, à quelques pas du siège du PJD.

La raison : le CCDDI exige que le gouvernement respecte des accords passés il y a quatre ans jour pour jour, le 25 mars 2011, qui avaient réuni des défenseurs des détenus islamistes et Mohamed Sebbar, secrétaire général du CNDH, Hafid Benhachem, ex haut-délégué de l’administration pénitentiaire et Mohamed Lididi, ancien secrétaire général du département de la Justice. « Les accords prévoyaient une reconnaissance de mauvais traitements infligés à certains prisonniers ainsi qu’une libération progressive de certains d’entre eux » nous dit Abou Adam Ghazali, porte-parole du CCDDI. Qui considère que les libérations restent trop peu nombreuses, et que le dossier stagne. Et de préciser qu’au sein du CCDDI, plusieurs anciens détenus exigent plus que des libérations pures, mais un véritable processus de reconnaissance et de réparations.

Ramid et Fizazi dans le collimateur

Mais si le CCDDI se réunit devant un local du PJD, c’est que leur colère semble notamment viser le ministre de la Justice issu de ce parti, Mustapha Ramid. Et pour cause, ce dernier était présent lors des discussions ayant abouti aux accords de mars 2011, avec sa casquette de président de Mountada Al Karama et d’avocat de détenus. Sa nomination à la Justice avait donc soulevé espoir et enthousiasme chez les prisonniers salafistes et leurs soutiens. En 2012, un premier round de discussions entre le CCDDI et Ramid avait eu lieu et ce dernier avait alors promis de continuer à défendre les détenus, comme il l’avait fait comme acteur de la société civile. Des tensions entre l’ancien défenseur de la cause et les activistes toujours sur le terrain semblaient pourtant déjà se profiler à l’horizon, comme l’avait expliqué à l’époque, Anas El Haloui, ancien porte-parole du CCDDI, qui a depuis trouvé la mort en Syrie.

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Credit R.Tniouni

Mais Ramid n’était pas le seul dans le viseur des manifestants. Quelques-uns se sont amusés à brandir des cartons figurant le visage de Mohamed Fizazi, prédicateur et cheikh bien connu, libéré par grâce royale en avril 2011, ainsi que d’autres figures du mouvement sortis de prison. Une manière pour les manifestants de se démarquer de personnalités issues du mouvement salafiste ayant depuis adopté un ton très respectueux des autorités et se montrant, à leur sens, trop peu actives en matière de solidarité avec ceux encore derrière les barreaux…

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