Un cours de judéo-marocain à la Bibliothèque nationale israélienne

Un cours de judéo-marocain au Centre mondial du judaïsme d'Afrique du nord, en Israël. Crédit : Bibliothèque nationale d'Israël

La Bibliothèque nationale d’Israël, en collaboration avec le Centre mondial du judaïsme d’Afrique du nord, propose un cours de « judéo-marocain » depuis un mois.

« Tout a commencé par un voyage en famille au Maroc, en octobre dernier », pour Orly Simon, directrice des relations publiques à la Bibliothèque nationale d’Israël, à Jérusalem. Un retour aux sources pour elle et ses proches. Et un déclic : « La bande originale de notre séjour était un mélange d’arabe et d’hébreu. Cela m’a permis de me rendre compte de l’importance de la langue dans notre identité de Juifs d’origine marocaine. »

De retour à Jérusalem, Orly Simon prend contact avec le Centre mondial du judaïsme d’Afrique du nord pour proposer un cours de « judéo-marocain » au grand public israélien. « Le judéo-marocain est un mélange d’hébreu et d’arabe marocain », explique-t-elle. Au programme – toutes les semaines, et pendant trois mois – : lectures de manuscrits historiques, cours de prononciation et linguistique encadrés par Dr. Moshe Cohen, spécialiste de l’arabe à l’Université de Ben Gourion.

De l’arabe écrit en hébreu

« Notre but est d’approfondir notre connaissance du judéo-marocain, alors nous avons pris la décision de n’accepter que des élèves qui avaient déjà un certain niveau », confie Orly Simon. Le test ? Être capable de comprendre le contenu de ce clip sonore en judéo-marocain et de comprendre un texte en arabe marocain… écrit en hébreu ! « Aujourd’hui, nous avons même un groupe de discussion en ligne où nous n’échangeons qu’en judéo-marocain, pour pratiquer et pour refaire vivre la langue parmi nous », confie la responsable du projet, ravie.

Un examen d’entrée qui n’a pas découragé les nombreux Israéliens désireux d’assister aux cours. « Nous avions prévu 16 places, mais les demandes étaient tellement importantes – certaines personnes nous suppliaient de les admettre – que nous avons dû augmenter la capacité du cours à 32 élèves ! Sans compter la liste d’attente… » De 25 à 70 ans, l’enthousiasme des élèves de Dr. Moshe Cohen n’étonne pas vraiment Orly Simon.

Un regain d’intérêt des Juifs marocains d’Israël

« Ces dix dernières années, nous avons clairement constaté un regain d’intérêt culturel et communautaire au sein des deuxièmes et troisièmes générations des Juifs marocains d’Israël. » S’il s’agit de la première initiative de ce genre organisée par la Bibliothèque nationale d’Israël, ce ne devrait pas être la dernière. « Nos élèves viennent de tout le pays pour assister au cours. Et je reçois de nombreuses demandes de cours dans d’autres villes. Et aussi d’étendre le concept aux arabes tunisiens, algériens et libyens. »

Prochainement, la classe devrait recevoir un invité marocain, Youssef Naciri, qui lui donnera un cours sur l’histoire de la vallée de Draâ et de la « relation intéressante entre ses Juifs et la population locale ». Mais aussi un cours sur la darija et le Maroc d’aujourd’hui. « Mon rêve est de coopérer avec la Bibliothèque royale, avec les institutions d’archives et de mémoire du Maroc pour mettre au point, ensemble, une bibliothèque digitale de l’histoire des Juifs du Maroc », conclut la directrice des relations publiques de la Bibliothèque nationale israélienne.

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