Istiqlal: La partie de chaises musicales commence

Le Conseil national de l'Istiqlal est loin d'être anodin: c'est l'avenir du parti qui se joue dans les coulisses.

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Abdelhamid Chabat
Hamid Chabat, secrétaire général de l'Istiqlal. Crédit : Yassine Toumi

C’est un conseil national déterminant et très attendu qu’organise le parti de l’Istiqlal ce samedi 21 novembre.  Au-delà de l’ordre du jour, qui doit trancher plusieurs questions chaudes, c’est bien le choix de la date du prochain congrès qui cristallise les tensions et les appétits autour de la succession du tonitruant Hamid Chabat, secrétaire général du parti.

Officiellement, le Conseil national, véritable parlement du parti de l’Istiqlal, doit discuter trois points :

Le positionnement du parti : l’Istiqlal doit-il toujours faire bloc avec l’opposition, et notamment le PAM (Parti authenticité et modernité) où peut-il opter pour un « soutien critique » au gouvernement PJD ? ;

Le départ du secrétaire général Hamid Chabat ;

La date du 17è Congrès qui doit se tenir légalement en 2016.

A l’heure où l’attention se cristallise autour de la démission (peu probable à ce stade) de Hamid Chabat, la véritable bataille se situe ailleurs, autour de la date du prochain congrès, selon des membres du comité exécutifs qui se sont exprimés en off.

Ainsi, ce samedi deux tendances devraient s’afficher : celle appelant à organiser le congrès avant les élections législatives l’année prochaine, et donc à désigner celui qui sera vraisemblablement le candidat istiqlalien au poste de chef du gouvernement. Selon nos sources, cette tendance est portée par Karim Ghellab et Yasmina Baddou. L’autre tendance, incarnée par Taoufik Héjira, voit d’un oeil suspicieux ces appels à accélérer les préparatifs du congrès et plaide pour l’organiser sans prendre en compte l’échéance électorale. Ce clan entend ainsi positionner Héjira comme candidat au poste de chef du parti.

« Ghellab veut se présenter comme une alternative à Chabat, ce qui suscite la désapprobation de  nombreux membres du comité exécutif », nous assure nos sources istiqlaliennes.

Une lutte « sans répit »

Au milieu de cette bataille discrète, émerge le sage du parti : M’hamed Khalifa. Ce vieux routier de la politique s’interpose en arbitre et envisage de se porter candidat. Il multiplie les contacts avec le courant « Bila Hawada » (Sans répit). Un autre ancien membre influent du parti pourrait revenir à la course, et rajouter à la confusion : Mohamed El Ouafa, débarqué par Chabat pour avoir tenu à rester en poste auprès de Benkirane. D’après nos sources, l’actuel ministre des Affaires générales a multiplié les réunions avec des membres du comité exécutif du parti de la balance, mais aussi avec le courant dissident « Bila Hawada ». Il pourrait aussi créer la surprise en se portant candidat.

S’ils ne sont pas affichés officiellement, les appétits sont donc grands chez les istiqlaliens. Cette lutte dans les coulisses pourra affaiblir le parti, ce qui fait pencher certains membres du comité pour un choix consensuel : celui de Nizar Baraka, actuel président du Conseil économique, social et environnemental (CESE). Ce choix est motivé par le profil de l’ancien ministre, qui incarne la nouvelle génération bien plus compatible avec le Maroc post constitution de 2011 que l’ancienne génération.

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