Mohammed VI fustige les "lamentations a posteriori" des perdants aux élections

A l'ouverture du parlement, le roi Mohammed VI s'est montré ferme face aux "lamentations a posteriori" et aux "accusations infondées" portées par ceux qui ont perdu les élections.

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Mohammed VI.
Mohammed VI. Crédit: DR

Comme à son habitude lors des discours inauguraux de la nouvelle année législative, le roi Mohammed VI s’est adressé aux élus de la nation ce vendredi 9 octobre. Il a insisté cette fois ci sur l’importance des institutions, loin des querelles partisanes et sur la nécessité de parachever la publication des lois organiques lors de l’actuelle législature.

Un message adressé à la fois à l’opposition et à la majorité. On pense aux tonitruantes sorties des patrons de l’Istiqlal et de l’USFP, Hamid Chabat et Driss Lachgar, qui ont vertement tancé le processus électoral, mais aussi au retard enregistré par le gouvernement Abdelilah Benkirane qui n’a toujours pas mis en oeuvre la loi organique sur l’amazigh et l’instance de la parité par exemple.

Le souverain a commencé son discours par les traditionnelles félicitations aux élus pour la confiance qu’ont placé en eux les citoyens, mais n’a pas manqué de les appeler à « se hisser à la hauteur de ce moment historique », que constitue cette dernière année de la législature actuelle, au cours de laquelle la nouvelle Constitution de 2011 doit être mise en œuvre.

Les personnes, quelles qu’elles soient, sont nécessairement appelées à s’en aller, alors que les institutions sont là, pérennes et pour toujours. Et c’est cette continuité qui est la véritable garantie des droits des citoyens et des services dont ils ont besoin, et que nous ne saurions accepter de laisser au gré d’humeurs et de caprices personnels.

Le roi a appelé ceux qui n’ont pas « eu de chance dans ces élections » à ne pas « perdre espoir » et à ce qu’ils se livrent à une « autocritique constructive », dans la mesure où les Marocains sont devenus « plus exigeants » et plus « matures » à l’égard des élections.

Le souverain s’est aussi montré ferme face aux « lamentations a posteriori » et aux « accusations infondées portées contre les autorités chargées de l’organisation des élections ». Une référence à des leaders de partis politiques qui ont remis en cause tout le processus électoral et sa fiabilité.

« Les garanties qui ont été fournies, valent bien celles que l’on trouve dans les plus grandes démocraties dans le monde. Mieux encore ! On ne trouve de telles garanties que dans une minorité de pays », a-t-il ajouté, appelant ceux s’estimant lésés à s’en remettre à la justice.

Quid des critiques formulées à l’égard de la deuxième chambre, l’on pense par exemple aux appels du secrétaire général du PPS, Nabil Benabdellah, qui avait appelé à son abrogation pure et simple ? Le roi a rappelé la « place particulière dans l’édifice institutionnel national » qu’occupe la deuxième chambre qui a un rôle « d’équilibre » avec la première. Il a toutefois indiqué qu’elle doit être un « espace de débat constructif », à l’écart de « toute considération politique ».

La Chambre des Conseillers se distingue par une composition variée, aux spécialités multiples, d’autant qu’elle rassemble en son sein un groupe de compétence et d’expertises locales, professionnelles, économiques et sociales.

Le roi Mohammed a regretté que « malgré tous les efforts déployés, l’image qui reste dans l’esprit de nombreux citoyens, est celle d’antagonismes et de surenchères entre la majorité et l’opposition ». Cette situation qui s’éloigne des préoccupations des Marocains « suscite le mécontentement populaire concernant l’action politique en général et amène le citoyen à se désintéresser du véritable rôle du parlement».

Le roi a mis en garde contre « la perte de temps occasionnée par les conflits marginaux » et a donné à titre d’exemple « les projets des lois organiques relatives à la mise en œuvre du caractère officiel de la langue Amazighe, au Conseil National des Langues et de la Culture Marocaine, à l’exercice du droit de grève et au Conseil de Régence ».

Concernant les étapes de mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe pour que, à l’avenir, celle-ci puisse remplir sa fonction, il faut garder à l’esprit que la langue arabe et la langue amazighe ont toujours été un facteur d’unité, et qu’elles ne seront jamais un motif d’antagonisme ou de division.

En définitive, le discours royal, qui a duré un peu plus de dix minutes, est donc un appel clair au « travail sérieux » et au « consensus constructif » pour mettre en place des institutions fortes.

Le discours en intégralité :

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