Les étudiants médecins menacent d'une "année blanche"

Depuis le 1er septembre, les étudiants en médecine boycottent la rentrée universitaire et font grève dans les hôpitaux.

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Image d'illustration Crédit: Reda Anouar

La hache de guerre est-elle déterrée entre les étudiants de médecine et le ministère de la Santé? Tout semble l’indiquer, tant les étudiants en médecine ont entamé une rentrée universitaire sous le signe de la contestation, en boycottant  les cours ainsi que les gardes dans les hôpitaux. C’est la commission nationale des étudiants de médecine (CNEM), une sorte de coordination de tous les bureaux d’étudiants des cinq facultés de médecine du Maroc, qui a pris cette décision.

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Dans la ligne de mire du CNEM, le « service médical obligatoire » (SMO) qui contraint les médecins à travailler deux ans dans les zones rurales.  Une initiative du ministère pour pallier la carence de médecins dans les zones les plus enclavées. Sauf que les concernés dénoncent des conditions qu’ils jugent précaires.

«Nous ne sommes pas réticents à aller travailler dans des endroits enclavés, mais on exige d’y aller dans le cadre de poste dans la fonction publique», nous explique Anas Chebaatha, coordinateur de cette commission. «Nous refusons d’être tenus en otage par le ministère de la Santé, qui ne nous donne pas nos diplômes et ne nous les rend qu’après la fin des deux ans de service obligatoire».

Chebaatha assure que le mouvement de grève est «ouvert» et que «les étudiants sont prêts même à une année blanche».

L’assurance qu’un médecin généraliste sera payé comme un médecin généraliste et le spécialiste comme spécialiste, faite par le ministre de la Santé El Hossein El Ouardi, ne semble pas trouver d’oreille chez les étudiants.

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La deuxième revendication du mouvement est celle d’augmenter les postes budgétaires des médecins. «Sur plus de 1500 lauréats, le ministère n’a ouvert que 15 postes» s’indigne encore notre interlocuteur. «Comment le ministre de la Santé, qui nous dit qu’il manque de médecins, ne recrute que ce nombre très réduit de médecins?» ajoute-t-il.

Les étudiants veulent également que leur doctorat ait l’équivalence avec le doctorat national. Le coordinateur de la CNEM nous dit qu’«il est inconcevable que nous étudiions 8 ans pour notre doctorat et qu’on soit payés 8 000 dirhams, le salaire d’un master». Ils proposent deux solutions: soit maintenir le même salaire, mais réduire le nombre d’années de formation (de 8 ans à 6 ans), ou alors  que le salaire soit réévalué sur la grille du doctorat.

Pour le moment, et selon les organisateurs, le mouvement de grève est « de 100% dans les villes de Casablanca et Marrakech et Fès, 50% à Rabat ». Oujda devrait rejoindre le mouvement à partir de lundi prochain, toujours selon la même source.

La polémique sur le « service médical obligatoire » date de plusieurs mois. Le projet constitue une réponse du ministère au manque criant de médecins dans les campagnes, et devrait fournir, selon les estimations du département de tutelle, 8 400 professionnels par an. El Hossein El Ouardi avait assuré que les médecins soumis au SMO seraient payés « à leur juste valeur », en bénéficiant de la couverture sociale ainsi que d’une assurance et pourraient se porter candidats au concours d’affectation. Les deux ans du SMO seront pris en compte dans le calcul de la retraite et de la promotion

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