Victimes d’escroquerie d’une école de foot au Maroc, ils se retrouvent à la rue

Une arnaque montée par une école de football au Maroc vient d’être révélée par une enquête de France 24. Plusieurs jeunes subsahariens qui croyaient suivre des entraînements dans une école de football, se sont retrouvés à la rue.

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Crédit : AFP PHOTO / SIA KAMBOU.

Au Maroc, plusieurs jeunes joueurs de football  subsahariens en quête d’une formation dans une école de football, ont été  ictimes d’arnaque. Dans une enquête menée par les Observateurs de France 24,  de jeunes subsahariens de 16 à 22 ans racontent leurs mésaventures. Parti de son pays, la Côte d’ivoire, Elie (pseudonyme du témoin) l’une des victimes raconte qu’après avoir fait débourser plus de 7000 euros à ses parents  pour rejoindre un centre de foot en Tunisie, il s’est rendu compte que l’institution n’a fait que profiter de son argent en réalité.

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Elie a donc décidé de rejoindre le Maroc  après avoir entendu parler de l’association  « Amis talentueux du football » (ATDF)  basée en France mais qui est en partenariat avec l’école Al-Mostakbal de football à Casablanca. C’est cette dernière qui a en charge d’organiser un stage de perfectionnement de football et de transfert de ces joueurs. L’association française avait promis, outre la formation , des tests dans les clubs de première et deuxième divisions en Europe.

« Cette association est basée en France, donc elle m’avait l’air plus sérieux. J’ai contacté son président, il m’a dit qu’il fallait payer 800 euros, afin de recevoir une formation de deux mois au sein de l’école partenaire Al-Mostakbal de football, située à Casablanca, au Maroc, avant de participer à des tournois en France et en Belgique » raconte Elie aux Observateurs de France 24. En plus de la formation, les 800 euros  devaient également servir  à financer l’hébergement, les repas, les transports, l’assurance maladie et les équipements sportifs de ce jeuns.

 «On m’avait dit qu’il y avait un internat»

Accompagnés d’autres  jeunes joueurs, Elie débarque au Maroc où il est accueilli à l’aéroport par le président de l’école.  « Il m’a emmené dans un appartement de 20 mètres carrés environ, où il y avait déjà plusieurs joueurs, en me disant qu’on serait logés ailleurs ensuite. » Mais selon Elie, les joueurs ( au nombre de 13) qui étaient déjà présents dans l’appartement à Médiouna, y vivaient depuis plusieurs mois. « Ça m’a donné froid dans le dos, car on m’avait dit qu’il y avait un internat » indique Elie.

Marc, un autre joueur dans le même cas qu’Elie explique pour sa part au au média français qu’il ne s’agissait pas d’une vraie formation. Il y avait « seulement quelques entraînements sur un terrain avec du gravier, avec des joueurs marocains »  et organisé par un ami du président de l’école Al-Mostakbal  deux à trois fois par semaine. «  Les entraînements ont duré moins de deux mois. Ensuite, on a continué à essayer de s’entraîner entre nous, comme on pouvait. Par ailleurs, on n’est jamais allé à l’école au Maroc, alors qu’on était censé étudier », regrette Marc.

«On est à la rue»

En plus de ne pas s’entraîner dans de bonnes conditions, ces jeunes affirment qu’ils se sont retrouvés derrière les barreaux à la police. Selon Elie, le président de l’école Al-Mostakbal  leur avait demandé 200 euros (environ 2000 dirhams) pour avoir une carte de séjour. « Mais on ne l’a jamais eue. Du coup,  on est allé voir la police à plusieurs reprises en juillet, mais elle n’a rien voulu entendre. On est même resté derrière les barreaux durant plusieurs heures, le 13 juillet, au commissariat de Maârif, un arrondissement de Casablanca. On nous a menacés de nous expulser du Maroc», raconte-t-il  avant d’ajouter que  « le problème a finalement été réglé à l’amiable et on a récupéré notre argent, mais ça a été compliqué »

Hormis le démêlé avec la police, ils étaient mal nourris. Elie révèle également que la nourriture qui a été prise en charge par l’école jusqu’à un certain moment, n’était pas bonne et en quantité insuffisante ». « On est tombés malades à plusieurs reprises, donc on a dû aller à la pharmacie pour se soigner ».

Cependant le plus gros problème auquel ils sont confrontés reste celui du logement . « Actuellement, on a de gros problèmes de logement, car le président de l’école marocaine a cessé de payer les loyers des deux appartements depuis quatre mois. Donc on a été expulsés à nouveau. L’un de nos camarades est parti chez une connaissance à Rabat. Un autre est allé se loger ailleurs… Et nous, on est à la rue depuis ce mardi (11 août)  » décrit Elie.

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