Crise du secteur touristique : Haddad tente de rassurer

Dans un entretien accordé à l’hebdomadaire TelQuel, Lahcen Haddad, ministre du Tourisme, revient sur les difficultés que connaît le secteur actuellement. Digest.

Par et

Lahcen Haddad
Crédit : Yassine Toumi

Dans une interview publiée dans l’édition du 10 au 16 juillet de l’hebdomadaire TelQuel, le ministre du Tourisme Lahcen Haddad minimise l’ampleur du ralentissement de l’activité touristique et en analyse les causes. Interrogé sur son programme pour remédier à la baisse de 5,6 % des recettes touristiques par rapport à l’an dernier, Lahcen Haddad refuse de parler de crise. Il préfère le terme de « période de turbulences » et assure que les difficultés des premiers mois de 2015 avaient été anticipées dans les projections. Néanmoins, le ministre concède que les objectifs de la Vision 2020 vont être réévalués.

Il faut dire que le contexte géopolitique de la région et la conjoncture européenne ne favorisent pas le dynamisme du tourisme marocain. D’une part, les attentats qui ont frappé la Tunisie ont bel et bien un impact sur le Maroc. « La situation se complique, observe le ministre. On espère pouvoir finir l’année avec une augmentation de 1 ou 2 %, contre 10 % espérés initialement. » D’autre part, la baisse du pouvoir en Europe bouleverse le tourisme traditionnel. Ainsi, les voyageurs français et italiens, qui constituent la plus grosse part des entrées dans le pays, se font plus rares. Moins 1,5 % pour début 2015. « Cependant, nous enregistrons une forte augmentation du marché allemand (+18 %), anglais (+6 %) et espagnol (+2 %), » note Lahcen Haddad.

Les investissements en panne 

Il serait donc souhaitable d’adapter les offres touristiques à ces nouveaux venus. Mais les investissements se font de plus en plus timides. C’est le constat de deux études révélées par l’Association nationale des investisseurs touristiques (ANIT) lors d’un séminaire organisé à Casablanca le 16 juin dernier. Ces études font, d’une part, état d’une perte de confiance des établissements bancaires dans le secteur touristique. D’autre part, elles révèlent le ralentissement de l’investissement en fond propre des acteurs du secteur, dont certains prévoient même de se désengager. Les investisseurs mettent notamment en cause le manque de soutien du gouvernement par le biais de levier de financement. Lahcen Haddad s’en défend. « Des leviers existent. Nous avons acté la mise en place des primes d’investissement pour encourager les projets à forte valeur ajoutée. Nous avons également acté le prolongement, de 24 à 36 mois, de la période d’exonération de la TVA pour les produits achetés localement et destinés à des projets d’investissements. Et l’État a mis en place le Fonds marocain de développement touristique (FMDT) qui a investi plus de 15 milliards de dirhams dans les marinas de Casablanca et au Bourgreg. »

En revanche, le ministre ne constate pas de repli conservateur dans les évènements de ces derniers mois (censure, agression et condamnations d’homosexuels, arrestation de jeunes femmes en jupe…) qui puisse porter atteinte à l’image du Maroc. Il en appelle néanmoins à « définir de manière claire et légale “l’obscénité” pour que les individus prennent conscience des lignes rouges. »

 

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