Mode: des migrantes et réfugiées présentent leur collection haute en couleurs

Réfugiées et Marocaines conçoivent ensemble les collections de Migrants du monde, carrefour de leurs savoir-faire. Telquel.ma s’est rendu à l’un de leurs défilés.

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Crédit : Migrants du monde.

Tam-Tam, déhanchement, chants africains puis podium, mannequins et pièces brodées à la main : ambiance et élégance étaient réunies à l’institut Tahar Sebti de Casablanca le 10 juin dernier. Ce melting pot (plus d’une dizaine de nationalités représentées) était réuni pour profiter du défilé de la collection été de Migrants du monde.

Cet atelier de couture et de broderie qui est en train de se monter en coopérative est composé à moitié de réfugiées et migrantes et de Marocaines. Le collectif a été créé et est toujours soutenu par la Fondation Orient-Occident, qui depuis huit ans vient en aide aux migrants, en partenariat avec le Haut commissariat aux réfugiés (HCR).  Au début, la fondation proposait seulement un atelier comme simple activité puis progressivement celui-ci s’est structuré. Aujourd’hui, quatorze femmes travaillent cinq jours sur sept à confectionner les collections dessinées par une styliste française. « Elles n’avaient plus rien mais ont gardé quelque chose en mémoire de leur pays: la couture et la broderie pour certaines », explique Yasmina Filali, présidente de la fondation.

Crédit : Jana Wiese.
Crédit : Jana Wiese.

Après un accueil en grande pompe par un groupe de danseurs africains puis un court concert sur le podium, place au défilé. Pendant plus d’une demi-heure, plus de soixante-dix modèles ont été présentés au public – malheureusement presque exclusivement féminin. Sous les vêtements, des mineurs non accompagnés recueillis par la fondation et des bénévoles. Au sein de la collection : gandouras, tuniques, robes, seroual, manteau et dars. De couleur vive ou pastel, avec plus ou moins de détails et de broderies, les tenues ont toutes de très belles finitions.

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Crédit : Jana Wiese.

Ensuite, place à la vente. « Une trentaine de pièces sont parties, ce qui est exceptionnel. Nous en avons bien besoin », nous explique Nathalie Freige, directrice développement de l’économie solidaire de l’atelier. Elle nous éclaire : « Les femmes ont un fixe et ensuite toutes les recettes des ventes leurs reviennent. Les charges sont payées par la fondation ». Pour l’approvisionnement en matières premières, tout ce fait au compte goutte. « J’achète au mètre. Nous avons besoin de factures mais cela n’est pas toujours évident », commente Nathalie Freige.

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Crédit : Jana Wiese.

Afghanes, Syriennes, Congolaises : ces femmes se sont « échouées » au Maroc. Écorchées de la vie, elles ont du mal à parler de leur passé. Fière de poser à côté d’un portant exposant une partie de la collection, mais timide en même temps, Marie vient du Congo Kinshasa (RDC). Est-ce que son travail lui plaît ? « Oh oui ! » répond sans hésitation ce petit bout de femme enrobée dans son boubou coloré. A côté d’elle, Solange nous explique qu’elle a appris la broderie auprès des Marocaines de l’atelier, mais qu’elle savait déjà coudre avant. « Les commandes ne manquent pas ! », nous lance-t-elle. Si elle travaille parfois beaucoup, cette Congolaise dont le périple jusqu’au Maroc a duré sept ans, adore « la bonne ambiance de l’atelier ». Toutes s’échangent leur savoir-faire.

Crédit : Migrants du monde.
Crédit : Migrants du monde.

Des défilés sont régulièrement organisés à l’étranger (New-York, Paris, Rome, Barcelone, entre autres). En général, les clients achètent sur commande, « ce qui nous permet de ne pas avoir un trop gros stock », nous explique Nathalie Freige. Prochain projet : la boutique en ligne. Et à plus long terme, l’objectif est clair pour la chef de projet : « trouver l’équilibre, que la coopérative soit indépendante et que les ces femmes puissent s’en sortir toutes seules ».

Vous pouvez consulter la collection de Migrants du monde sur le site Internet et les points de vente. Les prix se situent entre 500 et 3 000 dirhams.

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