La prolifération des antennes-relais en ville inquiète les riverains

Des habitants ont saisi la Fédération marocaine du droit des consommateurs pour s'insurger contre la multiplication « anarchique » des antennes-relais dans les milieux urbains.

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Antenne-relais. Crédit : Cedric-Meleard/Flickr

La concurrence entre les opérateurs de téléphonie mobile a pour conséquence la multiplication des antennes-relais (aussi appelées stations de base), qui émettent et reçoivent les signaux radioélectriques pour les communications mobiles, dans les zones urbaines. Inquiets des risques que pourraient représenter les ondes électromagnétiques propagées par ces antennes-relais sur la santé de la population, plusieurs habitants de villes du royaume se sont regroupés et ont adressé des requêtes à la Fédération marocaine des droits du consommateur (FMDC). Laquelle partage leurs inquiétudes, comme l’explique son président, Kherrati Bouazza :

Les antennes-relais foisonnent dans les milieux urbains. Elles sont en train de pousser partout comme des champignons et la population a peur de la nocivité de ces antennes-relais. Nous avons enregistré plusieurs requêtes provenant de plusieurs villes, comme Casablanca, Kénitra, Rabat, Agadir et récemment Marrakech.

Les requêtes concernent notamment les antennes qui se retrouvent à proximité des habitations et des établissements scolaires. « Par exemple à Kénitra, une antenne-relais a été installée en mars dernier sur le toit du lycée technique de la ville », indique le président de la Fédération, basée dans la même ville. Celui-ci ajoute que « certains opérateurs camouflent même ces antennes en les déguisant en palmiers ».

Faux palmier à Tanger
Faux palmier à Tanger. Crédit: Bernard Moutin

Manque d’information

La Fédération nous explique que l’inquiétude qu’elle partage avec les habitants sur la prolifération de ces appareils se base sur des publications de l’OMS et de l’Union européenne qui régulent la mise en place des antennes-relais et leur puissance. La FMDC demande la mise en place d’une institution indépendante, au sein de laquelle siègeraient des représentants des consommateurs, chargée de contrôler l’implantation de ces antennes-relais dans les villes, d’informer la population, de définir les distances de sécurité entre les relais et les bâtiments habités. De même, cette institution devrait informer les riverains de l’installation d’antennes-relais dans une zone.

Kherrati Bouazza, qui reconnaît qu’il est difficile de se passer de ces antennes-relais, déplore surtout « le flou total et le manque d’information » ainsi que « l’anarchie actuelle » à ce sujet. « Le droit à l’information tel que prévu par la loi 31-08 sur la protection du consommateur n’est pas respecté », plaide-t-il.

« Les citoyens manquent d’information sur la nocivité de ces appareils. Ils se posent la question de savoir qui les contrôle et les mesures à prendre en cas de problème ou de complication. Quant à la maintenance de ces antennes , comment est-elle réalisée et par qui? », demande le président de la FMDC. Et d’ajouter : «Nous ne voulons pas attendre qu’un habitant soit malade avant de tirer la sonnette d’alarme ».

Des niveaux « en dessous des valeurs limites fixées »

Le président de la FMDC affirme avoir cherché à s’informer auprès des organismes publics, sans succès. « Le ministère de la Santé n’a jamais répondu à nos demandes. De son côté, l’ANRT (Agence nationale de règlementation des télécommunications) s’est à chaque fois contentée de nous envoyer la même réponse : ‘les antennes-relais sont installées de manière légale‘ », déplore Kherrati Bouazza, qui reproche à l’ANRT de ne pas fournir plus de détails sur la règlementation.

Contacté par Telquel.ma, l’ANRT explique pour sa part que « l’installation des sites radios relève de la seule responsabilité de l’opérateur » et que « l’ANRT ne dispose d’aucune prérogative concernant l’autorisation d’installation physique des sites radios ». L’agence reconnait toutefois que si des études réalisées au niveau international « ont montré qu’il n y a pas d’effets avérés sur la santé, elles retiennent le principe de précaution qui se traduit par l’adoption d’un niveau de puissance maximal à ne pas dépasser ».

Du coup, l’Agence assure que « des équipes de contrôle effectuent des relevés en vue de mesurer les niveaux d’exposition aux rayonnements non ionisants » aux alentours des installations radioélectriques. Résultat, pour les quelques 600 stations de base sur le territoire national, l’ANRT affirme avoir constaté que les niveaux mesurés par ses équipes « sont en dessous des valeurs limites fixées par la  circulaire n°21 du 22 mai 2003 du ministre de la Santé », circulaire qui a adopté les valeurs limites d’exposition aux champs électromagnétiques fixés par la Commission Internationale de l’OMS en charge de la protection contre les rayonnements comme valeurs nationales de référence.

Des cas précédents

La polémique liée à la prolifération des antennes relais n’est pas une première au Maroc. En 2013, les habitants du quartier Bir Kacem à Rabat avaient manifesté leur mécontentement contre Maroc Telecom qui y avait installé une antenne-relais malgré leurs protestations.

Cinq ans plus tôt, en 2008, les habitants du quartier Ben M’Sik à Casablanca s’étaient réunis pour protester contre l’installation d’une nouvelle antenne dans leur quartier, une manifestation qui avait cependant été réprimée par les forces de l’ordre.

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