Le développement du Maroc diminué par le manque de liberté

Le Social Progress Index classe les pays en se fondant sur plus de 50 indicateurs. Le Maroc, qui assure les besoins de première nécessité, perd des points à cause du manque de liberté.

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Vieux qui jouent aux dames
Crédit : Werner Bayer/Flickr.

Le progrès ne dépend pas que de la croissance économique. C’est ce que montre le rapport de l’ONG américaine Social Progress Imperative qui explique que « le développement économique est nécessaire mais non suffisant pour le progrès social ». Accompagnée d’économistes et statisticiens, elle a réalisé le classement des États selon leur « Social Progress Index » (SPI). Conçu pour la première fois cette année, il ne prend en compte aucun critère strictement économique mais se concentre sur les variables sociales et environnementales.

Et en effet, le résultat est différent de celui du produit intérieur brut (PIB) ou même de l’Indicateur de développement humain (IDH), lequel prend en compte, en plus du PIB, l’espérance de vie, le niveau d’éducation et le niveau de vie. Par exemple, les États-Unis, premiers en termes de PIB, sont à la 16e place de ce classement novateur. Le podium est occupé par la Norvège, la Suède et la Suisse. Les pays émergents souvent cités en exemple pour leur rapide croissance économique comme la Chine, la Russie ou l’Afrique du Sud arrivent respectivement en 92e, 71e et 63e positions. Quant au Maroc, tous indicateurs confondus, il se situe à la 91e place sur 133 pays, avec un score de 59 sur 100.

Le Maroc à la traîne en matière de liberté et tolérance

L’index se fonde sur 52 critères, articulés autour de trois axes : la capacité d’une société à satisfaire les besoins de base de ses citoyens (accès à l’eau, logement, sécurité…), à construire les fondements de leur bien-être sur la durée (durabilité de l’écosystème, santé, éducation…) et enfin à leur donner l’opportunité de s’accomplir (liberté, formation supérieure, tolérance…). Et c’est sur ce dernier axe que le royaume perd le plus de points.

Par rapport aux pays comme l’Ukraine, l’Inde ou le Guatemala, qui ont le même PIB par habitant, le Maroc a de mauvais scores sur les critères des droits politiques, de la liberté d’association, de religion, de la presse ou encore de la tolérance envers les immigrés. Le royaume est ainsi classé 111e en matière de « tolérance et inclusion ». A l’inverse, il est mieux classé (par rapport aux États qui ont le même PIB par habitant) en ce qui concerne les besoins de première nécessité.

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Il n’y a donc pas de grand écart entre les performances du Maroc sur le strict terrain de l’économie et sur celui du progrès social, puisqu’il se situe à la 112e place sur 184 en matière de PIB/habitant et à la 130e place sur 187 en ce qui concerne l’IDH. En revanche, ce rapport permet d’avoir une photographie plus précise de ses performances.

Le SPI est sorti dans sa version beta en 2013. Le Paraguay l’a adopté pour concevoir son plan de développement national à l’horizon 2030. Au Brésil, l’État du Para et la ville de Rio de Janeiro, la ville de Bogotá en Colombie ainsi que Somerville dans le Massachusetts (États-Unis), commencent à utiliser le SPI pour mesurer les progrès enregistrés, explique le journal économique français Les Echos.

Dans les années 1970, le Bhoutan avait développé un autre indicateur, très controversé : le Bonheur international brut (BNB). Il se base sur des critères qui relèvent de la psychologie et de l’état de bien-être des habitants.

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