L'Etat islamique au Maroc était prêt à attaquer le royaume

Abdelhak Khiame, directeur du BCIJ, a dévoilé les détails sur la cellule terroriste démantelée le week-end dernier, se revendiquant de l'EI, mais aussi sur les Marocains qui ont rejoint Daech en Syrie.

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Crédit : Rachid Tniouni

Les membres de la cellule démantelée durant le week-end sont « au nombre de 13 et sont âgés de 19 à 37 ans. La plupart d’entre eux n’a pas dépassé le niveau d’études primaires », a annoncé lundi Abdelhak Khiame, directeur du tout nouveau (il a officiellement été lancé le 20 mars) Bureau central des investigations judiciaires (BCIJ).

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Crédit : Rachid Tniouni

Il présentait à la presse lundi 23 mars, au siège du bureau à Salé, le premier coup de filet du BCIJ, à grands renforts de projections vidéos et photos. Il a précisé qu’il n’y avait que des hommes, qu’ils étaient tous Marocains et qu’ils n’avaient suivi aucun entraînement en Syrie ou en Irak.

Abdelhak Al Khiam, patron de la Crédit : Rachid Tniouni
Abdelhak Al Khiam, directeur du Bureau central des investigations judiciaires. Crédit : Rachid Tniouni

Le ministère de l’Intérieur avait annoncé dimanche dans un communiqué avoir démantelé, sur une large partie de son territoire, une « cellule terroriste », sans préciser la date des opérations. Selon l’Intérieur, les membres de la cellule ont été arrêtés à Agadir, Taroudant, Marrakech, Boujaâd, Tiflet, Tanger, Aïn Harrouda et Laâyoune. Ils s’apprêtaient notamment à perpétrer des attaques contre « des personnalités civiles, politiques et militaires » au nom du groupe État islamique.

Ahmed Assid sur la liste des cibles de la cellule terroriste

Lundi, Abdelhak Khiame a révélé que l’une des cibles de la cellule était Ahmed Assid, militant pour les droits de l’Homme, connu pour ses positions en faveur de la laïcité.

Lire aussi : Le salafiste Abou Naïm appelle au meurtre d’Ahmed Assid

D’après l’Intérieur, les membres du réseau prévoyaient au préalable « de mener des attaques contre des éléments sécuritaires pour s’emparer de leurs armes ». Le patron du BCIJ a précisé que les patrouilles Hadar (dispositif antiterroriste mis en place en octobre dernier) étaient également visées.

Crédit : DR
Crédit : DR

« Il n’a pas encore été établi si (les personnes interpellées) sont liées à des cellules en Europe », a poursuivi Abdelhak Khiame, précisant que la cellule se faisait appeler « Wilayat Adawla Al Islamiya fi bilad Al Maghrib Al Aqsa – Ahfad Youssef Ibn Tachfin » (L’État islamique au Maroc – Descendants de Youssef Ben Tachfine), et que ses membres avaient été espionnés par les autorités « durant plus de cinq mois » grâce aux efforts de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST) dont dépend le BCIJ. Abdelhak Khiame a précisé que cette opération s’est faite sans d’implication de la part des services de sécurité espagnols.

Le nom de la cellule, outre qu’il se revendique comme la branche marocaine de l’Etat islamique, reprend le terme du calife autoproclamé de l’État islamique Abou Bakr Al-Baghdadi pour désigner ses partisans maghrébins dans un message audio publié le 13 novembre dernier.

« La cellule était en contact avec Al-Qaïda au début avant d’entrer en contact avec Daech et d’envoyer des combattants dans les zones de tension », a-t-il ajouté, assurant qu’elle recevait des financements de l’étranger.

6 pistolets, 440 cartouches, des menottes en plastique

Le BCIJ a saisi « 440 cartouches, six pistolets automatiques de différents calibres (des Browning et des Beretta, entre autres, ndlr) et 31 menottes, 8 ordinateurs, des portables et des puces GSM » dans une cache près d’Agadir, a-t-il ajouté lors de la conférence de presse, expliquant que les armes, exposées pour l’occasion, ont transité par Melilia, « selon les premiers résultats de l’enquête ».

Abdelhak Khiame a ensuite fait l’éloge de l’efficacité de la DGST, annonçant qu’entre 2002 et 2015, 132 cellules terroristes avaient été démantelées et 2 720 personnes impliquées arrêtées. En treize ans, a-t-il ajouté, 276 projets malveillants ont été avortés, dont 119 attentats à l’explosif, 109 assassinats, 7 enlèvements et 41 attaques à main armée.

Selon les statistiques de la DGST, 1 354 combattants marocains ont rejoint les rangs de Daech en Syrie et en Irak. 220 d’entre eux seraient d’ex-détenus, 286 seraient morts (246 en Syrie et 40 en Irak), 156 seraient de retour au Maroc et 500 d’entre eux sont encore dans les rangs de Daech. En outre, selon Abdelhak Khiame, 185 femmes ont rejoint le groupe terroriste, accompagnées de 135 enfants.

Abdelhak Khiame a enfin assuré que dorénavant « à chaque affaire, nous organiserons une rencontre avec la presse et que le BCIJ continuerait à collaborer avec la BNPJ ».

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