Liberté d’expression: Freedom Now dénonce un recul

Lors de la présentation, contestée, de son premier rapport sur la liberté d’expression, Freedom Now a notamment critiqué les pressions qu’exerce le pouvoir sur la presse.  

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Crédit: Febrayer

« La situation de la liberté de la presse et de l’expression au Maroc aujourd’hui est pire que celle qui avait prévalu durant les trois dernières années du siècle dernier ».  C’est en ces mots que l’association Freedom Now a résumé la situation de la liberté de la presse au Maroc lors de la présentation de son premier rapport annuel sur ces libertés, le 12 février à Rabat au siège de l’Association marocaine des droits humains (AMDH). Une conférence de presse dont la tenue a été dénoncée par le ministère de l’Intérieur.

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L’Intérieur persiste

Pendant la conférence, le contenu d’un courrier envoyé par le département de Mohamed Hassad a été lu à l’assistance, et des photocopies de la lettre ont été distribuées. Le ministère y dénonçait la tenue de cette conférence de presse, Freedom Now n’ayant «aucun statut juridique et non inscrite à la liste d’associations déclarées auprès de la wilaya de Rabat ».

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 Dans ce document, l’Intérieur rappelle que « cette association (Freedom Now, ndlr) avait déjà saisi le tribunal administratif de Rabat, qui a soutenu la position des autorités administratives, ainsi que la Cour d’appel de Rabat ».  Pour le ministère de l’Intérieur, la tenue de la conférence de presse de Freedom Now signifie que l’AMDH « a fait fi de la décision de la justice » et n’a pas respecté la loi et les institutions de l’Etat.

Une vingtaine de violations

Malgré l’envoi de cette missive de l’Intérieur, l’association Freedom Now a donc maintenu la conférence, pendant laquelle elle a annoncé avoir enregistré une vingtaine de violations de la liberté d’expression et de la presse, entre avril et décembre 2014, qui se divisent de la manière suivante : «  Treize cas concernant des journalistes appartenant à la presse électronique, trois cas concernant des chanteurs de rap, deux cas concernant des journalistes de presse écrite, un cas concernant un utilisateur internet et un cas concernant une bloggeuse ».

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Ainsi, l’association a notamment fait référence au cas du rappeur Mouad  L7a9ed, interpellé par les autorités en marge du match opposant le Raja de Casablanca au Maghreb de Tétouan pour « atteintes aux forces de l’ordre », « ivresse publique » et ventes de tickets au noir. A ce sujet, Freedom Now a assuré que ces accusations étaient infondées car le rappeur n’ « était pas en état d’ivresse » et «que les tickets étaient détenus en toute légalité ».

Une législation qui n’apporte pas de « solutions crédibles »

Freedom Now a également évoqué les développements législatifs liés à la liberté de la presse en faisant référence au projet du Code de  la presse et d’édition,  celui relatif au droit d’accès à l’information ainsi que le projet de loi marquant la création du Conseil national de la presse.

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L’ONG estime que, malgré quelques avancées, ces textes «  n’apportent pas de solutions crédibles a certaines problématiques fondamentales qui continuent d’handicaper la liberté d’opinion » et juge que ces projets de loi ne répondent pas «  aux requêtes exprimées par les professionnels et les instances de défense de droits humains ».

Des médias sous contrôle

L’avancée de la liberté d’expression est également handicapée par le contrôle de l’Etat sur les médias selon Freedom Now. L’ONG juge que les médias publics, qui « sont la propriété […] du peuple », sont « contrôlés par le pouvoir pour la propagande officielle ».

A en croire l’ONG, les autorités exercent également un contrôle sur les médias privés, et ce, à travers les « financements publics, des [autres] sources de financement et de la publicité ». En résumé, l’association créée en avril 2014 estime que le pouvoir  cherche à faire « taire toutes les voix dissidentes et à imposer le point de vue unique ».

Pour rappel, suite à sa création en avril 2014, les autorités ont refusé de délivrer le récépissé de création à l’association Freedom Now. Selon Khadija Riyadi, membre de l’association,  les agents de la wilaya n’ « ont donné aucune explication sur les raisons de ce refus ».

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