Mondiaux 2018-2022: la Fifa offre un peu de transparence mais ne change rien

La FIFA a annoncé, le 18 décembre depuis Marrakech, la publication du rapport Garcia portant sur la polémique des Coupes du monde 2018 et 2022. Le texte ne sera toutefois pas publié intégralement.

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Sepp Blatter le président de la Fifa
L'ancien président de la Fifa, Sepp Blatter Crédit: DR

Le comité exécutif de la Fifa, réuni à Marrakech, a accepté vendredi de publier le fameux et polémique « rapport Garcia » sur l’attribution des Mondiaux-2018 et 2022, mais a immédiatement introduit des bémols et de nouveau affirmé que les coupes du monde se tiendraient comme prévu en Russie et au Qatar.

« Il faudrait vraiment qu’il y ait un séisme, de nouveaux éléments extrêmement importants » pour retirer l’organisation du Mondial-2022 au Qatar, a prévenu le président de la Fifa, Joseph Blatter.

Le rapport Garcia publié…

C’est depuis plusieurs semaines la pomme de discorde à la Fifa. Rédigée par l’ancien procureur fédéral américain Michael J. Garcia, l’enquête sur l’attribution des Mondiaux 2018-2022 à la Russie et au Qatar a fait trembler l’instance. Le président de la chambre de jugement de la commission d’éthique de la Fifa, l’Allemand Hans-Joachim Eckert, n’y a pourtant rien vu qui justifierait de revenir sur la désignation de la Russie et du Qatar comme pays-hôtes. Et la Fifa a toujours dit qu’il n’était pas question de la publier.

Furieux de ce qu’il estime être un manque de transparence, Garcia, qui a toujours plaidé pour la publication de son texte, a fini par démissionner avec fracas mercredi. Dans la foulée, le comité exécutif de la Fifa a semble-t-il fait un effort de transparence vendredi. « J’ai demandé au comité exécutif de voter en faveur de la publication du rapport de la chambre d’enquête», a déclaré Blatter dans un communiqué.

« Il est clair que même si un résumé de cette enquête a été fourni, la question de la publication de ce rapport est devenue un obstacle au retour de la confiance du public envers la Fifa », a-t-il reconnu.

… mais sous conditions.

Bémol cependant, c’est « sous une forme appropriée » que sera publiée l’enquête Garcia. « Oui à la publication du rapport, mais sous certaines conditions », a résumé Blatter. La Fifa ne donne pas plus de précision mais se garde bien en tout cas d’annoncer que le texte sera livré en intégralité.

Ce qui ressemble à un petit pas en avant s’accompagne en outre d’une autre réserve, cette fois-ci temporelle.« Nous allons demander à la commission d’éthique de publier ce rapport, mais elle ne le pourra que lorsque toutes les procédures d’enquête seront terminées », a expliqué Blatter en conférence de presse.

Des enquêtes internes à la Fifa sont en cours contre plusieurs personnes soupçonnées de comportement douteux dans le cadre de l’attribution de ces Mondiaux. Selon plusieurs médias britanniques et allemands, elles concerneraient notamment l’Espagnol Angel Maria Villar, membre du comité exécutif, ou la légende du football allemand Franz Beckenbauer. La Fifa a par ailleurs porté plainte auprès de la justice suisse en novembre, soupçonnant des « transferts internationaux de patrimoine » émanant de « diverses personnes ».

On ne revient pas sur le vote

Si la Fifa a fini par céder, au moins en partie, sur la question du rapport Garcia, il ne semble pas pour autant que les Coupes du monde 2018 et 2022 soient sur le point de changer d’organisateurs. « La décision qui a été prise le 2 décembre 2010 est maintenue et ne sera pas annulée », a prévenu Sepp Blatter devant la presse.

« A l’heure actuelle, il n’existe aucun motif de revenir sur nos décisions. Les deux Coupes du monde sont prévues au calendrier, la seule chose qui manque ce sont les dates précises pour 2022 mais ces deux Coupes du monde auront lieu. Il faudrait vraiment qu’il y ait un séisme, de nouveaux éléments extrêmement importants pour revenir sur cette Coupe du monde au Qatar », a-t-il ajouté un peu plus tard.

Et pour appuyer l’affirmation de son président, la Fifa a publié les conclusions d’un nouveau « rapport d’experts juridiques indépendants » mandatés par Domenico Scala, président de sa commission d’audit et de conformité. Selon ces experts, et « sur la base des preuves et des conclusions du rapport Garcia, la causalité nécessaire pour que les membres du Comité exécutif de la Fifa se trouvent dans l’obligation de révoquer les décisions du 2 décembre 2010 fait clairement défaut. »

Guillaume Klein, Stanislas Touchot

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