Des salariés coachent les jeunes des quartiers

Une cinquantaine de jeunes ont bénéficié du projet pilote « Alliance Emploi » avec formation et stage en entreprise. Embauche, estime de soi et RSE ont été au rendez-vous.

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Les jeunes sélectionnés pour le dispositif n'ont aucune expérience professionnelle et sont déscolarisés au moment du recrutement. Crédit : Cristi Breban/Flickr.

« Ils m’ont fait confiance alors que je n’avais aucune expérience ! », s’étonne une ancienne stagiaire de Sonasid. Avec 48 autres jeunes, elle a bénéficié du programme « Alliance Emploi », mis en place par l’association espagnole Casal dels Infants, en partenariat avec la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). Ce programme, le premier dans son genre au Maroc, a permis de mettre en relation des jeunes éloignés de l’emploi avec le monde de l’entreprise.

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L’association a offert une formation initiale de trois mois dans le domaine de la vente à 73 jeunes âgés de moins de 25 ans. Issus des quartiers périphériques de Casablanca et Tanger,aucun n’avait de diplôme universitaire. Ensuite, certains sont partis seuls dans une entreprise pendant deux mois pour découvrir cet environnement. Ils étaient alors « coachés » individuellement par des salariés volontaires. D’autres ont réalisé un stage d’un mois, par petits groupes, avec une formation complémentaire assurée par la société. Celle-ci s’engageant ensuite à intégrer les jeunes dans son processus de recrutement. Au total, 21 entreprises ont joué le jeu.

60 % d’embauche

« Vous pouvez me croire, cet accompagnement de jeunes sera écrit sur mon CV ! », lance Noureddine Benbouazza, qui a encadré des jeunes chez Richbond. Comme l’explique Rajae Tazi, chargée de mission RSE à la CGEM, ce genre d’initiative participe au sentiment d’appartenance des salariés à l’entreprise et au « renforcement des relations entre l’employeur et ses salariés ».

Mais cette démarche « gagnant / gagnant » est avant tout mise en place pour le jeune. Que ce soit une découverte avec le tuteur ou un stage de terrain, cette entrée dans l’entreprise permet d’expérimenter ce qu’il a appris lors de la formation initiale. Un programme qui permet d’augmenter les opportunités d’emploi de ses bénéficiaires, puisque 60 % d’entre eux sont maintenant salariés. « A l’issue de leur stage, nous leur avons soumis un test de recrutement, identique à celui qu’on a soumis aux autres candidats. Ils ont eu des résultats aussi bons que ceux qui avaient six ou sept ans d’expérience », explique Noureddine Benbouazza. Son entreprise a embauché la moitié des anciens stagiaires. Et les associations locales qui ont participé au programme continuent de suivre tous les jeunes six mois après sa fin. Objectif : atteindre les 75 % d’embauche.

Un dispositif à répliquer dans d’autres villes et pour d’autres professions

Même si certains jeunes sont toujours en recherche d’emploi, cette expérience leur a apparemment permis de gagner confiance en eux. « On m’a appris que rien n’était impossible », confie une ancienne stagiaire maintenant commerciale dans un magasin. « Ces jeunes, parfois ambitieux, ont juste besoin d’être écoutés », raconte Ilham Hachadi qui a suivi des bénéficiaires au sein de la société CST-Crouzet.

« Il ne s’agit que d’une expérience pilote », explique Ana Gonzalez, responsable du projet à Casal dels Infants. Bien sûr, elle espère améliorer le dispositif, notamment l’accompagnement, pour diminuer le taux de perdition (114 jeunes sélectionnés au départ). Mais surtout, elle espère pouvoir élargir « Alliance Emploi » dans d’autres villes et à d’autres professions. Aussi, la CGEM a un rôle à jouer dans la promotion du dispositif auprès de ses entreprises adhérentes. Et Saïd Sekkat, président de la Commission RSE et Labels de la CGEM l’assure : « Nous comptons bien diffuser cette bonne pratique ».

 

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