Emploi: la CGEM tire la sonnette d'alarme

Le patronat propose une série de mesures pour rendre les entreprises plus compétitives, condition sinequanone pour diminuer le chômage, d'après lui.

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Abdelkader Boukhriss est président de la commission fiscalité à la CGEM. Crédit: DR

La Confédération générale des entreprises marocaines (CGEM) faisait sa rentrée le 19 septembre, lors de son conseil d’administration. L’occasion pour les patrons de rendre publiques leurs recommandations pour favoriser l’emploi, à quelques jours du vote de la loi de finance 2015.

Et à les croire, l’heure est grave. « Le problème de l’emploi est tel que si nous ne nous en occupons pas, cela va devenir un enjeu de sécurité nationale », s’alarme Jamal Belahrach, président de la commission emploi et relations sociales de la CGEM qui nous précise : « Six jeunes sur dix sont au chômage donc nous ne pouvons pas rester inertes ».

Exonération des charges patronales pendant trois ans

Pour lui, « pour l’emploi, il faut de la croissance » et « la croissance dépend de la compétitivité des entreprises marocaines ». Les patrons demandent alors, entre autres, des mesures pour alléger les charges qui pèsent sur eux. « Notre proposition consiste à exonérer les entreprises de 100 % des charges patronales pendant les trois premières années après l’embauche pour les bas salaires inférieurs à 3 000 dirhams brut par mois, nous explique Adelkader Boukhriss, président de la commission fiscalité à la CGEM, « cela permettrait de créer 100.000 emplois. »

« Mais bien entendu, les personnes doivent quand même restées couvertes » précise Jamal Belahrach. D’après leurs estimations, cette mesure coûterait 450 millions de dirhams à l’Etat : « ce n’est rien pour une politique de l’emploi », nous assure Jamal Belahrach, qui compare avec la somme allouée par le plan Obama (plus de 3 800 milliards de dirhams, pour une population d’environ 320 millions). Et de justifier : « Il y a urgence donc il faut mettre les moyens ». Exonérer les entreprises de certaines charges permettrait aussi de diminuer l’économie informelle, qualifiée de « fléau national » par Jamal Belahrach.

« Il faut fixer un agenda »

Autres mesures évoquées : une exonération de la TVA, qui ne concerne actuellement que les entreprises de moins de deux ans. La CGEM propose également la suppression de la taxe professionnelle (fameuse Patente), une exonération de l’impôt sur les sociétés (IS) pendant trois ans pour toutes les entreprises nouvellement créées ayant moins de cinq salariés. Aussi, la CGEM déplore des problèmes de délais de paiements de la part de l’administration, ce qui implique des problèmes de trésorerie pour les PME. Ces recommandations s’ajoutent aux critiques du code du travail par la CGEM, qui souhaite une plus grande « flexibilité responsable » du travail, selon l’expression employée par Jamal Belahrach.

De manière plus générale, le président de la commission emploi et affaire sociale prône l’organisation d’un sommet social pour définir une feuille de route pour « discuter de tout sans tabou puisque nous avons un problème de compétitivité, d’éducation, de protection sociale etc. Il faut fixer un agenda ». Avant d’ajouter : « le temps des reformes est un peu lent pour nous ». 

La question est maintenant de savoir si ces demandes seront prises en compte par le gouvernement. La loi de finance 2015 viserait a priori plus à augmenter les dépenses qu’à les diminuer. Mais le responsable fiscalité de la CGEM le répète : « on ne peut pas se cacher éternellement derrière la pression des finances publiques au détriment de l’entreprise ».

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