Chèques-vacances, 
le nouveau coup de pouce

Pour dynamiser le tourisme interne, le ministère de Lahcen Haddad prévoit de lancer un nouveau programme, celui des chèques-vacances. Un outil qui permettrait d’augmenter, à moindre coût, le pouvoir d’achat des Marocains.

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Photo : DR

Censée booster le tourisme interne, l’offre Kounouz Biladi peine toujours à décoller. Les touristes nationaux ne représentent aujourd’hui que 28% de parts de marché en termes de consommation du produit touristique. Le ministre de tutelle, Lahcen Haddad, nuance ce bilan d’étape assez mitigé. Pour lui, le programme Kounouz Biladi avance bien. « Nous étions à seulement 25% en termes de nuitées pour les touristes nationaux. À ce rythme, nous allons pouvoir atteindre l’objectif de 40% de taux de remplissage local à l’horizon 2020 », assure-t-il. Pourtant, Kounouz Biladi, un portail Web qui regroupe des offres de séjour spécialement dédiées aux touristes nationaux, présente des lacunes. « L’offre que propose Kounouz Biladi n’est pas suffisante et les agences de voyage ne sont pas encore en mesure d’offrir des séjours à travers le Web. Plus encore, la quasi-majorité des Marocains ne savent pas manipuler le portail Kounouz Biladi », explique Fouzi Zemrani, patron d’une agence de voyages et ex-président de la Fédération nationale des agences de voyage du Maroc (FNVAM).

Les professionnels s’accordent à dire qu’il faut opter pour des programmes plus innovants et en adéquation avec le modèle marocain. Le ministère du Tourisme confirme pour l’heure sa volonté de lancer un nouveau projet, celui des chèques-vacances. « Ce projet fait partie de la volonté du ministère de dynamiser le tourisme interne. Ce programme en est toujours au stade de la conception », explique Lahcen Haddad, qui poursuit : « Si jamais le projet des chèques-vacances aboutit, l’épargne vacances sera alimentée à la fois par une contribution de la part de l’employeur, public ou privé, et de l’employé ».

Une formule à moindre coût

Exonérés de charges et déductibles du bénéfice imposable, les chèques-vacances sont un complément de rémunération intéressant pour les employeurs comme pour les employés. « Le pouvoir d’achat des Marocains ne leur permet pas de partir en vacances. La mise en place d’un tel programme ne pourra avoir que des effets positifs sur le tourisme interne », souligne Zemrani.

Néanmoins, la chance de réussite de ce programme est à ce stade méconnue. « Nous ne pouvons pas savoir à l’avance si cet outil a du potentiel ou non. Les expériences internationales en Espagne et en France ont quant à elles donné de bons résultats », déclare Lahcen Haddad. Chaque année, en France, près de 4 millions de salariés bénéficient des chèques-vacances.

Pour Zemrani, la contribution de l’employeur et de l’employé ne suffit pas : « Sans implication de l’Etat, ce projet ne risque pas de voir le jour ». La tutelle prévoit pour sa part de déployer ce projet en 2015 au plus tard. Quant aux modalités de fonctionnement de ce nouvel outil, le ministre du Tourisme affirme que « les chèques-vacances devraient être validés au niveau des hôtels. Nous allons ensuite décider de l’organisme, public ou privé, qui portera toute l’opération. Même si je favorise plus l’implémentation d’une structure privée pour gérer ce projet ». Le véritable défi est de faire adhérer à la fois l’Etat et le patronat. Le premier prêche pour une politique d’austérité où il n’est plus question d’accorder des exonérations. Le second vient à peine de connaître une augmentation du SMIG et des charges de carburant. Une nouvelle contribution patronale ne semble pas être la bienvenue.

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