Billet éco. Le coût de la tolérance sociale

Par Khalid Tritki

Quel est le lien entre les immeubles qui s’effondrent à Casablanca (dans la médina, dans le quartier Bourgogne et ailleurs), la contrebande de carburant, de médicaments, de produits manufacturés, les vendeurs ambulants et l’économie ? Réponse : la tolérance sociale. Face à l’incapacité de l’économie à créer des emplois, des passe-droits deviennent une alternative génératrice de revenus.

Explication : considérant une famille de cinq membres dont les enfants, en âge de travailler, ne trouvent pas d’opportunités sur le marché de l’emploi, à moins de disposer de salaires élevés ou de faire partie de la bourgeoisie commerçante, les parents n’ont pas d’autre choix que de monnayer le seul bien à leur disposition. Leur logement devient ainsi un moyen pourvoyeur de revenus avec des possibilités d’expansion assez sérieuses. Dans cette logique, l’autorisation de construire un ou des étages additionnels se découvre une portée stratégique.

Or, l’extension de l’habitat a des limites que fixe le code de l’urbanisme et que contrôlent, en principe, les autorités locales sous le regard, en principe encore une fois, très vigilant des autorités de tutelle. Toutefois, sur le terrain, l’application de la loi a été souvent, par le passé, marginalisée par une doctrine politicienne basée sur le principe de la « tolérance sociale ». C’est comme si l’Etat, ne pouvant honorer ses engagements, laissait faire en attendant des jours meilleurs. Rattrapé par son laxisme, l’Etat n’a d’autre choix que de livrer quelques brebis galeuses à la vindicte plébéienne. Mais le problème de fond restera entier : l’incapacité à activer les leviers économiques pour créer des emplois et mettre un terme à une tolérance politicienne mortelle.