Zakaria Boualem débarque à São Paulo

Par Réda Allali

Mes bons amis, vous n’allez pas me croire : Zakaria Boualem est au mondial. Oui, physiquement, notre homme est à São Paulo, en ce moment même, c’est prodigieux. Après moins de 24 heures sur place, il a déjà une quantité phénoménale de choses à vous raconter. Mais avant, il souhaite diffuser ce message officiel à l’attention de monsieur Blatter et merci.

 « Monsieur Blatter

Vous devez vous souvenir de moi, je suis Zakaria Boualem et je vous ai souvent adressé mes plus vifs grognements sur votre gestion du football, un sujet qui me tient à cœur. Il s’est même trouvé un jour où, sous l’impulsion de la colère, j’ai publiquement souhaité vous voir poursuivi en justice, menottes à la main, dans un pays du tiers monde dépourvu de climatisation et défendu par un avocat qui ne parle aucune langue reconnue par l’ONU. Je maintiens ce point, mais je dois reconnaître que sur la désignation du pays organisateur de la Coupe du monde, vous n’avez pas tout à fait tort. Je viens d’un pays qui a présenté quatre fois son dossier, et qui a essuyé quatre refus. Je me suis vexé quatre fois, j’ai eu tort quatre fois. C’est que je ne connaissais pas bien le sujet, je n’avais jamais vu de Coupe du monde. Maintenant que j’ai une petite idée du truc, je tiens à vous présenter mes excuses, vous aviez raison, nous ne recommencerons plus, et merci »

Par orgueil mal placé, connu à Guercif sous le vocable de souffle tordu, Zakaria Boualem n’est pas entré dans les détails, il n’y a aucune raison d’étaler devant ce monsieur nos faiblesses. Mais à vous, amis lecteurs, il vous doit plus d’explications. Une Coupe du monde, c’est une fête à organiser. C’est un état d’esprit : il faut un minimum aimer les gens pour organiser une fête. On peut construire des stades, acheter des autoroutes, booster nos réseaux télécoms, planter des hôtels et des palmiers partout mais on ne peut pas inventer chez nous cet état d’esprit. La capacité des Brésiliens à festoyer dans la bonne humeur n’a d’égal que celle de nos glorieuses autorités à nous empêcher de le faire. On y peut rien, c’est comme ça.

D’ailleurs, à part celle du trône, ils ont beaucoup de mal à organiser des fêtes, en fait. Dans les fans zones, les spectateurs du monde entier se retrouvent devant des écrans géants et des concerts splendides. Tout le monde porte le drapeau de son pays ou le maillot de son équipe, tout le monde danse, s’abreuve abondamment, prend des photos et débat à l’infini sur les mérites de Neymar ou de Suarez dans toutes les langues. Chez nous, il faudrait leur expliquer pourquoi ils doivent se prendre un coup de matraque sur la tête en entrant au stade, pourquoi il n’y a que deux portes sur vingt d’ouvertes, pourquoi ils doivent attendre deux heures pour sortir du stade le jour de la finale, etc… Ce serait compliqué. Bon, Zakaria Boualem a encore plein de choses à vous raconter, restez connectés et merci.