Les élections communales divisent la majorité

La perspective des élections communales a déterré la hache de guerre. La coalition gouvernementale est partagée quant à savoir qui devrait superviser le scrutin.

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Le ministre de l’Intérieur, Mohamed Hassad, a donné les grandes lignes concernant le déroulement des élections communales qui se tiendront en juin 2015, coupant ainsi l’herbe sous le pied de Benkirane, qui avait pourtant été le premier à annoncer la date de tenue du scrutin.

Résultat : le PJD, qui mène la coalition gouvernementale, se retrouve en première ligne des contestataires des dispositions énoncées par le ministre. Saâd Eddine El Othmani, président du Conseil national, s’est publiquement inquiété d’un retour aux pratiques qui avaient prévalu avant la nouvelle Constitution. Décryptez : il n’est pas question pour le PJD désormais de voir son poids électoral réduit par le jeu des coalitions post-scrutin.

Pour y pallier, le PJD a émis trois propositions, adoptées à l’issue d’une réunion du secrétariat général du parti de la lampe, tenue le dimanche 15 juin.

Les partisans de Benkirane souhaitent que le président de la commune soit désigné parmi les membres du parti politique qui sortira vainqueur des élections communales. Le PJD propose également de réduire le nombre des bureaux de vote, de revoir le découpage électoral et d’actualiser les listes électorales.

Une commission aux côtés de l’Intérieur ?

Abdelaziz Aftati, député PJD, joint par TelQuel, joue la carte de la légitimité électorale :

Nous avons émis ces propositions afin de donner plus de légitimité aux élections communales. Il est inconcevable que le président d’une commune ne soit pas issu du parti arrivé en tête dans une circonscription. Il faudrait que le président d’une commune soit élu par le peuple et non pas désigné par les autres élus. Ainsi, les gens sauront pour qui ils ont voté.

Le parlementaire précise aussi que « le contrôle des élections communales doit être exercé par le ministère de l’Intérieur et une commission créée par le gouvernement pour qu’il y ait plus de transparence ».

La majorité ne soutient pas le PJD

Pour leur part, le Rassemblement national des indépendants et le Mouvement populaire contestent les propositions du PJD. Les deux partis, pourtant membres de la coalition gouvernementale, estiment que la supervision des élections doit demeurer une prérogative du ministère de l’Intérieur, comme ce fut le cas lors des précédents scrutins. Il reste à connaître la position du Parti du progrès et du socialisme, également membre du gouvernement, et qui ne s’est pas encore prononcé.

Pour désamorcer la crise, qui se profile, une réunion entre les chefs des partis politiques de la majorité et ceux de l’opposition devrait se tenir prochainement.

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