Tout ce que vous devez savoir sur la visite de Mohammed VI en Tunisie

Mohammed VI a terminé sa visite officielle de trois jours, entamée vendredi 30 mai à Tunis. C'est la toute première pour le roi du Maroc depuis la révolution du Jasmin.

Par

Le roi Mohammed VI reçu par le président tunisien Moncef Marzouki à Tunis le 30 mai 2014. Crédit photo : AFP

Mohammed VI s’est rendu à Tunis accompagnés de 11 ministres, quatre conseillers dont le plus proche, Fouad Ali El Himma, mais aussi de son frère Moulay Rachid et du prince héritier Moulay El Hassan. Il a été accueilli à l’aéroport de Tunis par le président tunisien Moncef Marzouki.

[ot-caption title= »Le roi Mohammed VI reçu par le président Moncef Marzouki lors de son arrivée à Tunis vendredi 30 mai. Crédit photo: page facebook de la présidence de la république tunisienne » url= »http://telquel.ma/wp-content/uploads/2014/06/MohammedVIMarzouki.jpg »]

On s’y est habitué depuis sa tournée africaine. Les déplacements de Mohammed VI deviennent de plus en plus centrés sur l’économie, le roi emmenant dans ses bagages une pléthore d’accords concernant plusieurs secteurs. La visite du roi en Tunisie n’y déroge pas. Outre les ministres, une délégation de 90 hommes d’affaires marocains ont répondu présents. La visite s’est poursuivie par la signature d’une vingtaine d’accords concernant les secteurs public et privé au palais de Carthage.
Au total, ce sont 23 accords qui ont été signés. Ils concernent la sécurité, l’énergie, les finances ou encore le tourisme.

Le site tunisien Directinfo a compilé la liste complète des accords, tels que publiés par l’agence marocaine officielle MAP.

Le ministre El Hosseine Ouardi signant un accord sur la Santé. Crédit: présidence tunisienne
Le ministre El Hosseine Ouardi signant un accord sur la santé. Crédit : compte Facebook de la présidence tunisienne.

La veille de l’arrivée du roi, se tenait un forum économique regroupant les confédérations patronales des deux pays  (la Confédération générale des entreprises du Maroc [CGEM] présidée par Miriem Bensalah-Chaqroun et l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat [UTICA]), sous le thème «Maroc-Tunisie : des synergies à bâtir au service de la croissance et de l’emploi».

Wided Bouchamaoui, présidente de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (UTICA)
Wided Bouchamaoui, présidente de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA). Crédit : AFP

Wided Bouchamaoui, présidente de l’UTICA, a expliqué à la radio tunisienne Shems FM que les échanges commerciaux entre le Maroc et la Tunisie restent « relativement faibles ». Cent sociétés tunisiennes sont implantées au Maroc mais seulement 30 entreprises marocaines sont présentes en Tunisie.

Les échanges commerciaux sont à l’heure actuelle en faveur de la Tunisie. Fin décembre 2013, les importations marocaines ont atteint près de 1,87 milliard de dirhams contre un total des exportations ne dépassant pas les 730,33 millions de dirhams, selon les statistiques de l’Office marocain des changes, relayées par Le Point.

Le roi Mohammed VI prononçant un discours devant l'Assemblée nationale constituante (ANC) à Tunis le samedi 31 mai.  Crédits photo : AFP
Le roi Mohammed VI prononçant un discours devant l’Assemblée nationale constituante (ANC) à Tunis le samedi 31 mai.
Crédit photo : AFP

Temps forts

Le deuxième temps fort de la visite du roi Mohammed VI en Tunisie a été le discours prononcé samedi 31 mai devant les membres de l’Assemblée nationale constituante (ANC). Après avoir rencontré à 14h à Gammarth le chef du gouvernement tunisien, Mehdi Jomaa, le souverain s’est rendu au Parlement pour s’adresser aux élus et a mis l’accent sur l’Union du Maghreb.

« L’Union du Maghreb arabe (UMA) n’est plus un choix facultatif ou un luxe politique, c’est une revendication populaire pressante et une exigence régionale stratégique incontournable. »

Pour le roi, le blocage de l’UMA en raison des différends politiques est «décevant» et «entrave l’exploitation optimale des richesses et des potentialités».

Mohammed VI a plaidé une nouvelle fois pour l’ouverture des frontières entre le Maroc et l’Algérie.

 « La fermeture des frontières (…) n’est plus compatibles ni avec la Charte fondatrice de l’Union (…) ni avec les exigences de l’interdépendance et de la complémentarité géographique. »

Le roi a aussi apporté son soutien au processus démocratique en cours en Tunisie.

Dans une interview accordée à l’agence MAP, le politologue marocain Manar Slimi a analysé la portée géostratégique du discours et de cette visite.

« (Cette visite représente) une sorte d’appui psychologique et politique à l’État tunisien dans ces circonstances difficiles, suite aux attaques terroristes et aux menaces à ses frontières avec l’Algérie et la Libye»

L’image concrétisant le plus ce rapprochement voulu par les deux gouvernements et ce cliché qui a fait le tour des réseaux sociaux et où on voit le conseiller le plus proche du roi, Fouad Ali El Himma, et le chef des islamistes tunisiens d’Ennahda, Rachid Ghannouchi, se regardant, tout sourire.

Au milieu, Rachid Ghannouchi. En bas à gauche, Fouad Ali El Himma. Crédit photo : page Facebook de la présidence de la république tunisienne
Au milieu, Rachid Ghannouchi. En bas à gauche, Fouad Ali El Himma.
Crédit photo : page Facebook de la présidence de la république tunisienne

Le texte complet du discours royal est disponible ici. Voici la vidéo du discours telle que retransmise par la télévision tunisienne:

Couacs

Si elle se termine par des actions concrètes et un rapprochement entre les deux pays, la visite royale a rencontré quelques couacs.

Le site tunisien Businessnews a publié une information « de source diplomatique », faisant état d’un « différend » qui aurait éclaté entre le président Marzouki et le roi Mohammed VI autour de la question du Sahara. Cette annonce a été rapidement démentie par le porte-parole de la présidence tunisienne, Adnène Mansar :

 « M. Mansar a qualifié, à de multiples reprises, cette information d’ « absurde » et a précisé que le roi Mohammed VI est actuellement à Sijoumi et qu’il dînera ce soir avec Moncef Marzouki au palais de Carthage. Adnène Mansar a, par ailleurs, souligné que plusieurs sujets ont été évoqués lors de cette rencontre mais que le différend du Sahara occidental n’en faisait pas partie. »

Le cabinet royal a également publié un démenti dans la foulée, regrettant « l’information relayée par une certaine presse malintentionnée sur un prétendu différend entre SM le Roi Mohammed VI et le président tunisien ».

Autre moment de tension, l’annonce du boycott du dîner officiel donné en l’honneur du roi du Maroc par l’opposant Hamma Hammami.

Ce dernier explique au micro de la radio Express FM qu’il s’agit d’un geste de solidarité avec les « militants marocains victimes de la répression ».

L’affaire des jeunes dit du 6-avril, condamnés à de la prison pour « violence contre les forces de l’ordre » et « participation à une manifestation non autorisée » s’est invitée à la visite. Des militants tunisiens ont organisé une manifestation.

Des tunisiens ont manifesté en marge de la visite royale en faveur des jeunes du 20-février arrêtés puis condamné à la prison en marge d'une manifestation syndicale le 6 avril 2014.
Des Tunisiens ont manifesté en marge de la visite royale en faveur des jeunes du 20-février arrêtés puis condamnés à la prison en marge d’une manifestation syndicale le 6 avril 2014.

Diplomate, le président Moncef Marzouki au passé de militant et d’opposant au régime de Ben Ali, a publié deux photographies  sur sa page personnelle. La première de lui-même en compagnie du souverain, et la deuxième de son père, Mohamed Marzouki, en compagnie du défunt Hassan II. L’actuel président tunisien connaît bien le Maroc pour y avoir vécu.

Hier, Mohammed Marzouki en compagnie de Mohammed V (d.) . Aujourd'hui, son fils accompagné du petit fils du roi défunt.
Hier, Mohammed Marzouki en compagnie de Hassan II(d.) . Aujourd’hui, son fils accompagné du fils du roi défunt. Crédit : page Facebook de la présidence tunisienne.

Après la Tunisie, le roi Mohammed VI est attendu pour une visite en Russie courant juin 2014.

Rejoignez la communauté TelQuel
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous

Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer