Zakaria Boualem fait sa revue de presse

Par Réda Allali

Zakaria Boulem vous salue, vous félicite pour votre bonne mine, et va sans plus attendre vous dérouler une petite revue de presse nationale, il ne faut pas lui en demander plus aujourd’hui et merci. Il commence en fanfare avec cet article figurant noblement en première page du quotidien Libération, qui nous rapporte avec émotion une initiative des responsables de la SNRT. Ils ont, nous explique-t-on, organisé une “journée d’études sous le thème : relation production/diffuseur TV”. C’est très bien, se dit Zakaria Boualem, il ne faut pas lésiner sur les journées d’études, tbark allah 3likoum… Plus loin dans l’article, cette retentissante déclaration de Monsieur Lâraïchi, président-directeur-général de la télévision publique : “C’est un tournant historique qui nous pousse à faire des progrès non seulement en termes de process, mais en termes de qualité”. Bon, c’est là que ça dérape, et c’est un peu normal quand on aborde trop de tournants en série. Zakaria Boualem pose la question : est-ce que ces gens parlent vraiment comme ça ou on les oblige à utiliser ce genre de formule absurde ? Autrement dit, est-ce que lorsque Monsieur Lâraïchi reçoit ses collaborateurs pour une mise au point sur les congés annuels, il leur dit : “Bon, Abdelqouddous tu pars en août et Jaâfar en juillet, c’est réglé, vous pouvez disposer, et c’est un tournant historique pour notre établissement”. Et les Abdelqoudous et Jaâfar quittent-ils le bureau du président en tournant historiquement respectivement à droite et à gauche pour rejoindre leurs bureaux ? C’est un mystère.

Le quotidien Al Bayane, de son côté, nous propose avec fierté le titre suivant : “Le Maroc séduit les constructeurs automobiles”. On les comprend, ces braves vendeurs de voitures arrivent à pratiquer chez nous des prix remarquables, surtout pour eux. Zakaria Boualem pose encore une fois une question : comment se fait-il qu’on nous ressasse des années que les taxes vont disparaître bientôt, qu’elles sont sur le point de disparaître et qu’elles ont disparu mais que les prix restent à la même place ? Quelqu’un pour lui expliquer pourquoi les voitures neuves coûtent toujours aussi cher ? Et merci.

Le Matin du Sahara, dont on n’imaginait pas se passer dans cette page, nous annonce le “report de l’adoption du plan législatif en attendant l’introduction des observations”. Le texte commence avec cette petite remarque fielleuse : “Encore cette semaine, à l’instar de la précédente, blablabla”. Traduction du message : ils n’ont rien adopté, ils se réunissent depuis deux semaines en attendant les observations. Encore plus clair : rien n’avance. Ce pays est complètement bloqué, ce n’est pas Le Matin qui le dit, c’est Zakaria Boualem. Il était déjà bloqué avant ce gouvernement et Le Matin ne le disait pas avec cette jubilation. Ce gouvernement, ou un autre, ne change rien. On aurait pu voter pour un parti anarchiste, stalinien, ou une coalition d’extrême droite écologiste qu’on n’en verrait pas les effets autour de nous. Si vous pensez différemment, merci d’écrire au Guercifi et de justifier votre réponse, il est prêt à être contredit, il en a même envie. Au même moment, on annonce que le Maroc a battu un record : celui des naturalisations en Europe. C’est quand même bizarre, d’être aussi nombreux à applaudir le système, de hurler son attachement au drapeau dès qu’une caméra se pointe, sa fierté, sa marocanité, etc. Tout en cherchant un autre passeport. Bon, soit.

Petite info en passant : une collision entre une voiture et un camion sur la route Casablanca et El Jadida a fait quatre morts. La voiture avait sept passagers. La répétition quotidienne de l’intolérable le rend tolérable, voilà ce qu’on peut conclure dans un premier temps. Cette guerre civile routière est un terrifiant exemple de notre monde sans solutions. On y trouve de tout. Des organismes de contrôle corrompus, des usagers inconscients, des cas sociaux mal gérés, et au résultat un monstre qui nous tue tous les jours sans que nous soyons capables de réagir.

Bon, il aurait manqué une bonne nouvelle pour conclure cette page, mais en tapant “bonne nouvelle Maroc” sur google, le Boualem a obtenu des résultats qu’il n’ose pas vous rapporter.

C’est donc tout, et merci.