“Foot et fumette, ça marche pas !”

Smyet bak ?

Moulay L’Boukhari Ben Moulay Abbas.

Smyet mok ?

Lalla Zahra Bent Lalla L’Hachmia.

Nimirou d’la carte ?

A208429.

Vous vous appelez Harmatallah  Sbaï Moulay Hassan, et vos filles Lalla Zahra et Lalla Fayrouz. Avez-vous du sang bleu ?

Je descends d’une lignée de chorfa originaires de Sakia Al Hamra au Sahara, qui se sont déplacés dans plusieurs régions pour y ériger des écoles coraniques et se sont finalement installés à proximité de Youssoufia, où ils ont créé la Zaouia Harmatallah.

Vous avez déjà eu des problèmes à cause de votre nom : Moulay Hassan ?

(Rire) Non, il n’y a qu’à la maison où on m’appelait Moulay Hassan. Dans les quartiers où j’ai grandi,  comme Derb Soltane ou Bourgogne, tout le monde m’appelle Hassan. Ça énervait mon père, tant pis.

Vous avez toujours rêvé de devenir une sorte de savant, un fqih, du ballon rond ?

J’ai réalisé les deux souhaits de mon père : devenir professeur d’université et jurer sur le Coran de ne jamais toucher à la cigarette ni à l’alcool.

Même pas un joint ou un petit verre, histoire d’essayer ? Après tout, le Brésilien Sócrates fumait un paquet de cigarettes par jour et jouait comme un dieu…

Jamais ! Il y a également d’autres légendes comme Garrincha, George Best ou Gerd Müller qui ont ruiné leurs carrières à cause des addictions. Le sport et la fumette, ça ne marche pas. Le corps d’un sportif est son gagne-pain, il faut qu’il en prenne soin.

Le Raja vient de remporter la Coupe du trône, vous étiez dans le stade ?

Et comment ! Ce fut magique. J’espère que ce titre en appellera d’autres, inchallah.

Comment sont vos relations avec le coach Fakhir et le président Boudrika ?

Bonnes. Nous apportons chacun une pierre à l’édifice. Je n’ai pas le droit de m’immiscer dans le travail de l’équipe A tant que Fakhir est là. Le jour où il partira, on redéfinira les tâches et j’aurai mon mot à dire.

Et quel est votre rôle, au juste ?

Pour l’instant, nous avons entamé une restructuration des différentes sections de l’équipe pour identifier chaque catégorie : les juniors, les moins de 19 ans, les moins de 17 ans, les cadets et les minimes. Pour les moins talentueux, nous avons créé une section football loisir. Par ailleurs, nous avons commencé à former les anciens joueurs du Raja, grâce à des cours théoriques et pratiques sur le terrain. Et j’en profite pour demander à tous les anciens de nous rejoindre.

Avec tous vos diplômes, pourquoi n’optez-vous pas pour un poste pépère de prof à la fac, conformément au souhait de votre père ?

J’ai été maître assistant à la faculté d’économie de Casablanca. Après avoir décroché mon doctorat d’Etat, je devais naturellement devenir professeur, mais ça allait m’éloigner du football, qui est la passion de ma vie. C’est plus fort que moi.

Vos détracteurs vous jugent prétentieux, vous confirmez ?

Aucunement. Pour revenir à mon père, j’ai été biberonné dans la culture de l’excellence par le travail et l’humilité comme manière de vivre. J’ai un CV que je présente à mes potentiels employeurs pour décliner mon parcours, basta !

Que pensez-vous  du style de Rachid Taoussi, le sélectionneur national ?

Pour commencer, Taoussi est un entraîneur marocain, et ça, d’un point de vue culturel, c’est très important pour les joueurs. A ma connaissance, aucun pays n’a gagné la Coupe du monde sans entraîneur national. Après, Taoussi a gagné trois titres dont deux africains, il a les cartes nécessaires pour mener à bien sa mission.

Il est légitime, rien à dire.

Trouvez-vous normal qu’il reste à la tête des FAR tout en dirigeant l’équipe nationale ?

Ce n’est pas évident, en effet…. N’oublions pas que Mehdi Faria occupait les deux postes (FAR et équipe nationale) et cela ne l’avait pas empêché de réussir un excellent Mondial 1986.

Pourtant, il a perdu le match contre le Togo ?
C’est une erreur de parcours. Il a voulu essayer de nouveaux joueurs… Parfois, c’est le prix à payer quand on se montre audacieux.

Les exigences du foot aujourd’hui sont beaucoup plus relevées. Allez, un petit mot critique à l’égard de Taoussi !

Non, non, c’est le travail de la presse et des analystes sportifs. J’ai même annulé une émission que je devais animer sur Radio Mars pour garder mon objectivité et mon honnêteté intellectuelle. Je ne peux pas faire partie du Raja, tout en critiquant chaque lundi matin le championnat et les performances des autres équipes ainsi que celles des entraîneurs.

Vous avez passé 16 longues années au Qatar, pourquoi ?

Pour pouvoir faire mon boulot, apprendre et progresser. Les Qataris ont compris qu’il fallait travailler la base du foot. J’ai participé, à mon niveau, au lancement des fondations d’un projet rentable à moyen et long termes, en misant sur le professionnalisme et la formation des jeunes.

C’est le modèle que vous voulez transposer au Raja ?

J’ai été désigné par le président Mohamed Boudrika pour constituer une direction technique dont je suis le manager général. L’idée est de former les jeunes. Je peux même m’avancer en vous disant que d’ici 4 ou 5 ans, de véritables champions vont émerger de l’école du Raja. Il y a de la matière, il suffit de la travailler.

Bon, mais ça paye mieux au Qatar, non ?

Evidemment. Mais vous devez justifier votre salaire et la concurrence y est très rude entre techniciens venus du monde entier.

Vous regardez combien de matchs de foot par semaine ? 

Pas beaucoup, je regarde surtout les grands matchs, les rencontres à fort enjeu. Un mordu de foot regarde sans doute plus de matchs que moi… Par contre, je suis un fan des documentaires sur l’origine de la vie, l’histoire et la nature de façon générale.

Si la fédé fait appel à vous pour la direction technique, accepteriez-vous le poste ?

Dans ce cas, il faut demander au président Mohamed Boudrika s’il veut bien me libérer. En ce qui me concerne, je suis assez occupé aujourd’hui avec le Raja.

Antécédents

  • 1952. Naissance à Casablanca
  • 1972. Joue au WAC
  • 1977. Rejoint Lens, en France
  • 1984. Doctorat de troisième cycle en politique économique
  • 1991. Doctorat d’état en sciences économiques
  • 2001. Diplôme d’entraîneur de la fédération française
  • 2005. Directeur technique de la fédération des Emirats
  • 2011. Directeur technique du Qatar
  • 2012. Rentre au Maroc et rejoint le Raja

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