Phénomène. Jamais sans mon jeu vidéo

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52 milliards d’euros : c’est ce qu’ont rapporté les ventes de jeux vidéo dans le monde en 2011. Soit trois fois plus que les ventes de l’industrie musicale.

Un succès planétaire auquel le Maroc n’échappe pas.

Qui n’a pas, dans son entourage, un accro aux jeux vidéo ? Que se soit un cousin, un frère ou un fils ? C’est le cas de Kamal, un lycéen de 16 ans. Cela fait déjà quatre ans qu’il s’est épris de Dofus, un jeu de rôle en ligne qui compte près de 50 millions d’inscrits dans le monde. Pendant les vacances, Kamal ne sort presque pas car il peut enfin consacrer tout son temps à sa passion. A chaque connexion, le jeune homme retrouve ses amis et son monde virtuel là où il les a laissés la veille. Entre chasse aux trésors, construction de donjons et combats, il ne s’ennuie pas. Les heures défilent et l’adolescent oublie parfois même de manger. Un comportement qui laisse perplexe sa mère. “J’essaie de limiter ses heures de jeu en lui confisquant son modem pour qu’il puisse faire ses devoirs”, confie-t-elle. “Mais ça me rassure qu’il ait choisi ce passe-temps car, au moins, il ne reste pas dehors et évite les ennuis”. Bien que discutable, cette opinion est partagée par de nombreux parents.

De la maison au cyber-café

C’est dans cette optique que le cyber-café l’Esterelle, situé dans le quartier Maârif de Casablanca, a ouvert, il y a six mois, une salle consacrée aux jeux vidéo. “Je voulais offrir un espace de jeu sécurisé à ces jeunes pour leur éviter de traîner dans les rues”, explique Charaf, le gérant du lieu. De bonnes intentions qui n’empêchent pas de voir l’apport financier que représente ce projet. “J’ai investi 120 000 dirhams pour créer cette salle. Il me faudra un an et demi pour que le lieu devienne rentable”, poursuit notre interlocuteur.

Le concept fonctionne à merveille. A 5 dirhams de l’heure, les dix consoles sont toutes occupées, durant les week-ends et les vacances, par des enfants du quartier. Les apprentis joueurs peuvent s’amuser jusqu’à 19 h. Alors que les plus jeunes affichent une préférence pour les jeux d’aventure et d’action, les plus grands, eux, sont passionnés par les jeux de football. “De 19h à minuit, la salle est ouverte aux adultes. Ce sont des hommes, banquiers, étudiants, qui viennent décompresser après le travail”, ajoute Charaf.

Des jeux qui valent des milliards

Une clientèle aussi diversifiée, c’est ce qui fait le bonheur de l’industrie du jeu vidéo. Pendant longtemps, le consommateur type de jeux vidéo était circonscrit au garçon âgé entre 10 et 25 ans mais, depuis quelques années, le jeu vidéo est devenu un divertissement de masse. Le marché a su s’élargir en proposant une gamme plus large de produits et en s’adaptant aux nouvelles technologies telles que les smartphones.

En dix ans, le chiffre d’affaires du marché a augmenté d’environ 30 milliards d’euros, selon l’Agence française pour le jeu vidéo (AFJV). Les best-sellers des jeux vidéo font, à chaque fois, un tabac mondial. Les chiffres peuvent atteindre des sommes astronomiques, comme pour le dernier Call Of Duty : Warfare 3, qui a rapporté plus de 700 millions d’euros pendant les 5 jours suivant sa commercialisation. Just Dance s’est vendu, quant à lui, à plus de 15 millions d’exemplaires.

Au Maroc, c’est le foot

Au Maroc, les produits les plus populaires restent les jeux de football. PES et Fifa 12 sont des références nationales et se classent aussi au top des ventes internationales. Il est difficile d’estimer l’importance du secteur au niveau local puisque le marché marocain reste assez opaque. Une difficulté qui s’explique par l’omniprésence d’un important marché parallèle.

Par exemple, le souk de Derb Ghallef, à Casablanca, est bien connu pour ses vendeurs qui proposent des jeux à des prix imbattables. Entre 7 et 15 dirhams le CD en moyenne, c’est-à-dire presque 100 fois moins cher qu’en magasin. Un paradis pour les joueurs qui peuvent y trouver les dernières nouveautés. Cette habitude de consommation, bien qu’illégale, se reflète dans les rayons des magasins multimédias qui proposent peu de jeux vidéo. Le marché du jeu vidéo s’en accommode bien, au grand bonheur des joueurs.