CyberActivisme. Drapeau noir à l’horizon !

Naviguant en marge des lois, idées révolutionnaires accrochées à leur souris, des hackers rebelles se sont illustrés, de la Syrie aux Etats-Unis. Tour du monde express avec les pirates du Net.

Purs produits de leur époque, rejetons de Bakounine et de Steve Jobs, les pirates du Net ont défrayé la chronique cette année. Ces nouveaux internationalistes ont été mêlés aux révolutions arabes, au réveil de la contestation européenne et à l’affaire Wikileaks. Ce que prônent les “hacktivistes”, c’est l’accès libre à l’information et la transparence. Pas étonnante donc, leur solidarité avec Julian Assange, ancien hacker reconnu et fondateur de Wikileaks, qui divulgue les secrets diplomatiques, militaires ou financiers des plus grandes institutions de la planète. Lorsque les dons pour Wikileaks sont bloqués par Visa et Mastercard, fin 2010, un groupe fameux, Anonymous, riposte en bloquant les sites de ces spécialistes de la monétique.
Anonymous, c’est aussi la publication de milliers de coordonnées de policiers autrichiens et d’internautes pédophiles, des attaques réussies contre les réseaux de la police espagnole et bien d’autres, à chaque fois que les libertés individuelles semblent être mises en danger. Les contours du groupe sont flous : il signe ses actions par un tweet ou une vidéo Youtube, sur fond du masque du héros anarchiste du comics américain V pour Vendetta.

Plongés dans les révoltes arabes
Les révoltes dans le monde arabe sont aussi l’occasion pour les pirates de se rendre utiles aux manifestants. Pendant la révolte en Tunisie, les Anonymous ont détruit huit sites de l’ancien gouvernement benaliste et publié un bandeau sur le site de la télévision nationale TV7 pour exiger la libération d’un blogueur, Slim Amamou. Dans le même temps, Telecomix, un autre groupe engagé en faveur de la liberté d’expression, combat, souris à la main, les flics du Net tunisiens qui retirent les vidéos de la répression des réseaux sociaux. Sur place, hacktivistes et blogueurs s’animent, dont un certain Parti Pirate, légalisé après la révolution, en même temps que Slim Amamou entre au gouvernement et que naît une Association pour des libertés numériques. Des opérations ambitieuses, Telecomix en mène aussi en Egypte en rétablissant le Net, après que l’Etat l’a coupé le 27 janvier, via des routeurs installés en Europe et reconnectés aux quelques fax de sociétés privées qui fonctionnaient encore, piratés pour l’occasion.

OpSyria, opération réussie
En Syrie, la diffusion des images des manifestations contre le régime baasiste n’aurait pas été possible sans le travail de contournement des filtres imposés par l’Intérieur, effectué par les pirates. Le 4 septembre, Telecomix lance l’opération OpSyria et détourne le Net syrien.
En lieu et place de leur page d’accueil habituelle, les internautes sont renvoyés vers un site éclairant sur la censure et les moyens de la contourner. Ils peuvent ensuite se rediriger vers un plugin Firefox qui leur permet de naviguer sur les sites voulus sans être surveillés. Telecomix crée aussi un chat hautement sécurisé et anonyme (IRC) pour permettre aux internautes syriens de discuter. La libre circulation des données peut commencer, notamment des documents sur la répression et les moyens de s’en préserver, des logiciels libres mais aussi des documents confidentiels des services secrets sur les opposants, dont ils ont réussi à s’emparer.

Entrée en politique “réelle”
Mais le sacre pour les hackers est venu de Berlin. En septembre, le Piraten Partei (Parti Pirate) allemand recueille 9% des voix lors des élections au parlement de la ville-Etat. Ses membres exigent la communication des contrats signés par les administrations et en appellent aussi à la gratuité du Web et à la légalisation du téléchargement. Des hacktivistes, on en retrouve aux Etats-Unis en octobre, dès le début du mouvement contestataire Occupy Wall Street, né en bonne partie sur le Net. Les pirates ont menacé des groupes industriels et des banques d’attaques virales et il semblerait qu’Anonymous ait donné des leçons magistrales sur les libertés numériques. A bâbord et à tribord, les pirates veillent.

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