Portrait. Rap psychédélique

Ils sont casablancais, décomplexés et théâtraux. Haoussa ? Non, il s’agit cette fois-ci de LooNope, un jeune groupe prometteur, sans aucun doute le plus original de la scène urbaine actuelle.

Festival Moonfest Takerkoust, octobre 2011. Le groupe LooNope monte sur scène, devant un public composé majoritairement d’habitants de la région du sud de Marrakech, plus habitués à écouter Rouicha que Lenny Kravitz. Les membres du groupe sont déguisés comme à leur habitude, et Flip et Flow, les deux rappeurs de la formation, sont masqués. Le premier est torse nu, et le second, habillé d’une jolie robe fleurie. Le public les observe silencieusement, ne sachant pas trop à quoi s’attendre. Mais les LooNope ne se démontent pas, bien au contraire. Ils commencent leur show et arrivent en quelques minutes à dérider le public, qui se dit que, finalement, ces gars un peu étranges de Casablanca groovent aussi bien que Oudaden.

Genèse

LooNope, c’est tout d’abord la rencontre entre un groupe de rock psychédélique, et un duo de choc de rappeurs. En 2010, les trois membres de Nope, fans de Frank Zappa, Led Zeppelin et Jimmy Hendrix, croisent la route de Flip et Flow, deux MC au flow acéré. Le courant passe très vite et ils décident de fusionner leur univers. “Au début, nous avons essayé de nous lancer vers du trip hop, mais on s’est rendu compte que nous avions tellement d’influences musicales différentes que nous pouvions écrire des morceaux beaucoup plus riches”, explique Taha Zohair, guitariste du groupe.Résultat ? La musique de LooNope oscille entre rock et rap expérimental, avec parfois des touches d’électro. Un style original, doublé d’un jeu de scène déjanté. En concert, Flip et Flow, de leurs vrais noms Mohcine Jabbour et Khalid Hoummas, se transforment en rappeurs aux allures de super-héros. Tels des personnages de bande dessinée, ils font de leurs shows de véritables pièces de théâtre en darija. Leurs textes sont funky et racontent généralement de petites histoires pleines d’humour.

Conscience musicale

Début 2011, les LooNope, avec quelques compositions prêtes, décident de participer à Global Battle of the Bands. Un concours international, parrainé par MTV, auquel s’inscrivent des centaines de groupes dans le monde entier. Les LooNope se qualifient haut la main pour représenter le Maroc et s’envolent à Kuala Lumpur pour la finale. Ils décrochent la cinquième position et, à leur retour, décident de se consacrer encore plus à leur musique. “Nous avons déjà un petit public qui répond présent à chacun de nos concerts, et cela nous encourage à aller encore plus loin”, explique Flow.

Ont-ils pensé à ajouter des sonorités marocaines pour toucher un public plus large ? “Notre jeu de batterie s’inspire parfois des rythmes traditionnels, mais nous n’allons en aucun cas ajouter des sonorités gnawas juste dans le but d’attirer plus de personnes. Nous tenons à notre intégrité musicale”, expliquent Mourad Kejji et Ismail El Iraki, respectivement bassiste et batteur du groupe. LooNope viennent d’enregistrer trois morceaux. 3tini boussa, Namoussa et My love, qui seront bientôt sur les ondes et sur le Net. L’occasion pour eux de voir comment le public mainstream réagira à leur musique. Une chose est certaine, elle ne le laissera pas indifférent. Croisons les doigts pour qu’il soit séduit par les flamboyants LooNope, qui prouvent que notre scène urbaine peut encore, de temps en temps, donner naissance à un groupe qui n’est pas une pâle copie de Darga, H-Kayne ou Mazagan.

 

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