Le Maroc signe l'accord pour intégrer la zone de libre-échange continentale

Les membres de l'Union africaine ont scellé la mise en place de la Zone continentale de libre-échange ce mercredi 21 mars. Le Maroc figure parmi la quarantaine de pays de l'UA qui ont signé l'accord. Principal absent, le Nigéria. 

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Le chef du gouvernement marocain signe l'adhésion à la ZLEC, le 21 mars à Kigali. Crédit : Capture Rwanda TV.

Saad Eddine El Othmani a signé ce mercredi à Kigali l’accord relatif à la Zone de libre-échange continentale (ZLEC) qui constitue le point de départ pour la mise en oeuvre du projet de libre circulation des biens et des marchandises sur le continent.

Une délégation marocaine menée par le chef de gouvernement, le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, et composée entre autres du ministre délégué chargé de la Coopération africaine Mohcine Jazouli, de la secrétaire d’Etat chargée du commerce extérieur, Rakiya Eddarhem, a pris part au sommet extraordinaire de l’UA ce mercredi dans la capitale rwandaise.

L’idée de la ZLEC est née en janvier 2012, lors du 18e sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’U, et a pour but de faire tomber les barrières douanières entre les pays de l’Union.

Kagame à la manoeuvre

La ZLEC a été introduite dans l’Agenda 2063, qui fait office de vision pour l’Union africaine à cet horizon. Le but de cet agenda est notamment de faire de l’Afrique un continent « prospère fondé sur une croissance inclusive« , mais aussi un ensemble géographique « politiquement uni« .

L’un des développements préconisés pour faire avancer cet agenda 2063 est donc la création d’un marché unique pour les biens et les services. Un espace au sein duquel les investissements ainsi que les investisseurs circulent librement afin de permettre la création d’une union douanière africaine.

Autres objectifs de cette ZLEC, l’amélioration des échanges intra-africains – qui représentent actuellement un peu plus de 10% des flux d’échanges sur le continent – , la coordination de la libéralisation des échanges, et la simplification des instruments permettant ces échanges.

La mise en place de cette zone devrait être effectuée à travers la fusion des différentes communautés économiques régionales du continent comme l’Union du Maghreb arabe (UMA) ou la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). A termes, la ZLEC doit être un marché représentant plus d’un milliard d’habitants et un PIB de 1.400 milliards de dollars.

La ZLEC fait partie des trois projets phares de la réforme de l’UA, et est à ce titre portée par le président rwandais Paul Kagame, actuel président en exercice de l’UA, mais surtout chargé de la réforme de l’institution.

Le Maroc prend part aux négociations

Même si le Maroc a effectué son retour au sein de l’UA, alors que le projet de la ZLEC était déjà sur les rails, le Royaume a fait part de son intention d’y prendre part.

Ainsi, en avril 2017, trois mois après le retour effectif du Maroc au sein de l’UA, plusieurs représentants du ministère de l’Industrie et du Commerce qui est chargé du dossier, ont pris part à la deuxième réunion des groupes de travail technique de la ZLEC à Nairobi.

Une réunion qui a notamment porté sur « les barrières non tarifaires, les règles d’origine, les mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS), les procédures douanières et la facilitation du commerce« , rapportaient nos confrères de Medias24.

Une délégation du département de Moulay Hafid Elalamy s’était ensuite rendue au Niger dont le chef d’Etat, Mahamoudou Issoufou, s’était vu confier le dossier du libre-échange par la présidence de l’UA.

C’est à l’issue d’une nouvelle rencontre, tenue dans la capitale nigérienne Niamey au mois de décembre, que les ministres du Commerce membres de l’UA sont parvenus à un accord sur la ZLEC qui a donc été officiellement créée lors de ce sommet de Kigali.

Surprise nigériane

Si le Maroc semble pleinement adhérer à la mise en place du marché unique continental, cela n’est pas le cas du géant démographique et économique qu’est le Nigéria. A quelques heures de l’ouverture des travaux, un communiqué de la présidence nigériane annonçait que Muhammadu Buhari ne prendrait pas part au sommet de Kigali.

Une absence surprise que le communiqué de la présidence nigériane explique par le fait que « certains acteurs nigérians ont fait savoir qu’ils n’ont pas été consultés. Ils ont quelques réticences quant aux conditions de ce traité ». Un coup dur pour la ZLEC, surtout que le Nigéria représente un marché de près de 190 millions d’habitants et dont le PIB pèse un peu plus de 400 milliards de dollars américains.

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